PREVENTION DES RISQUES
Intervention brève et risque alcool
Une étude contrôlée réalisée en Suisse a mis en évidence l’efficacité à 6 mois d’une intervention brève en ligne (IBL) auprès d’un échantillon de jeunes adultes âgés de 21 ans en moyenne présentant des consommations d’alcool à risque. Comparés aux individus contrôle, les individus ayant bénéficié d’une IBL présentaient à la fois une consommation rapportée moins importante (ratio standardisé d'incidence (RSI) = 0.86, 95% confidence interval (IC) = 0.78; 0.96] et des scores plus faibles au questionnaire AUDIT (RSI = 0.93, 95 % IC = 0.88; 0.98) sans différence notable cependant pour les épisodes d’alcoolisation aigue et les conséquences d’une consommation d’alcool à risque. Cette intervention consistait en un feedback normatif sur le comportement à risque, sur les conséquences de la consommation d’alcool, l’apport calorique des consommations rapportées, une évaluation de la concentration d’alcool dans le sang au regard des consommations rapportées, l’indication du risque encouru, une information sur l’alcool et ses effets sanitaires et des recommandations pour une consommation d’alcool à moindre risque.
Source : Nicolas Bertholet, John A. Cunningham, Mohamed Faouzi, Jacques Gaume, Gerhard Gmel, Bernard Burnand, Jean-Bernard Daeppen, "Internet-based brief intervention for young men with unhealthy alcohol use: a randomized controlled trial in a general population sample", DOI: 10.1111/add.13051
A l’ombre des jeunes filles en fleurs
L’éducation parentale a-t-elle une incidence sur les consommations d’alcool des jeunes filles en Suède ? C’est ce que suggèrent les résultats d’une enquête parue dans la revue Pediatrics menée auprès de 957 jeunes filles âgés de 13 ans interrogées par questionnaires une fois par an, sur une durée de 4 ans, à propos de leurs consommations d’alcool et du style éducatif de leurs parents. Parmi les données relevées à travers cette enquête : une association significative entre l’octroi d’une certaine autonomie par les parents et une consommation plus importante d’alcool chez les jeunes filles les plus matures. Plus enclines à rechercher la compagnie de pairs plus âgés faute de s’épanouir auprès des jeunes de leur âge, ces jeunes filles trouveraient dans un modèle éducatif parental trop souple, un terrain favorable à des prises de risques liées à l’alcool.
Source : Dickson DJ, Laursen B, Stattin H, Kerr M., "Parental supervision and alcohol abuse among adolescent girls.", Pediatrics. Octobre 2015 ;136(4):617-24. doi: 10.1542/peds.2015-1258. Epub 2015 Sep 21.
RECHERCHE FONDAMENTALE
L’ecstasy, remède aux manifestations pathologiques de peur ?
Les patients souffrant de pathologies telles que le syndrome de stress post-traumatique ou les troubles anxieux, présentent une dérégulation de circuits neuronaux conduisant à des réponses comportementales anxieuses inadaptées. Or, à l’heure actuelle, peu de traitements parviennent à soigner ces pathologies. A la recherche de traitement pharmacologique adjuvant, une étude préliminaire réalisée sur des souris a identifié pour la première fois une action spécifique associée à l’administration de MDMA sur la peur apprise. Celle-ci concourait au maintien de l'extinction de la peur apprise, via le facteur neurotrophique issu du cerveau (BDNF), en interaction avec les circuits amygdaliens.
Source : M B Young, R Andero, K J Ressler, L L Howell, "3,4-Methylenedioxymethamphetamine facilitates fear extinction learning", Translational Psychiatry (2015) 5, e634; 15 septembre 2015 ; doi:10.1038/tp.2015.138
RECOMMANDATIONS CLINIQUES
Des recommandations pour la prise en charge de de la dépendance aux opiacés
De nouvelles recommandations se voulant plus exhaustives et systématiques pour le repérage et la prise en charge des dépendances aux opiacés viennent d’être publiées par l’American society of addiction medecine. Le pays étant particulièrement touché par une forte augmentation des usages d’opiacés et de la mortalité associée, les différents acteurs se mobilisent pour enrayer ce qui est considéré comme une épidémie. Ces recommandations portent sur le diagnostic, les traitements existants tant pharmacologiques que psychologiques, le sevrage et les populations plus vulnérables. Elles encouragent les chercheurs à s’intéresser à des aspects peu explorés concernant notamment l’efficacité combinée de certains traitements, leur sécurité aussi, pour accompagner et faciliter les prises de décision des soignants.
Source : Kyle Kampman, Margaret Jarvis, "American society of addiction medicine (asam) national practice guideline for the use of medications in the treatment of addiction involving opioid use"
A consulter également dans ce contexte, l’article du Monde à propos des conséquences sur la campagne présidentielle 2016 de « l’épidémie d’héroïne » aux Etats-Unis : "L’épidémie d’héroïne aux Etats-Unis s’invite dans la campagne pour l’élection de 2016", Le Monde, 2 octobre 2015
Des recommandations pour le sevrage tabagique de l’adulte
Le groupement d’experts "U.S. preventive services task force" (USPSTF) vient de publier des recommandations actualisées pour le sevrage tabagique de l’adulte. A partir d’une revue systématique de la littérature sur les bénéfices/risques associés aux différents traitements et modes de sevrage en vigueur, les experts préconisent une approche thérapeutique combinée à la fois pharmacologique et comportementale chez l’adulte, à l’exception de la femme enceinte. Les experts estiment en effet manquer de données probantes d’efficacité en ce qui concerne la pertinence d’une pharmacothérapie chez la femme enceinte et recommandent préférentiellement l’usage des thérapies comportementales. Enfin, les experts estiment qu’il est encore trop tôt pour se prononcer sur une inclusion bénéfique de la cigarette électronique dans le protocole de sevrage tabagique de l’adulte.
Source : Carrie D. Patnode , MPH; Jillian T. Henderson, Jamie H. Thompson, Caitlyn A. Senger, Stephen P. Fortmann, Evelyn P. Whitlock, "Behavioral and pharmacologic treatments to help adults quit smoking: u.s. preventive services task force recommendation statement", Annals of internal medecine, 22 septembre 2015 doi:10.7326/P15-9032
NOUVEAUX PRODUITS DE SYNTHESE
Olanzapine : savoir profane et automédication
L’olanzapine, molécule indiquée dans le traitement de la schizophrénie, figure parmi les nouvelles substances psychoactives (NSP) dont l’usage est l’un des plus fréquemment rapporté sur les sites en ligne. Ces usagers lui trouveraient des effets bénéfiques contre les symptômes du « bad trip » parfois associés aux mésusages de NSP. Une étude qualitative réalisée sur 163 discussions en ligne entre novembre 2013 et 2014 met en évidence cet usage bien spécifique en automédication, avec des prises qui n’excèdent pas quelques jours et des doses de 5 à 50 mg/jour. De nombreux usagers en ont fait leur traitement idéal contre les bad trip, malgré les risques associés à son mésusage et alors que les recherches suggérant que l’olanzapine pourrait agir comme un antipsychotique de 2e génération contre les psychoses associées aux NSP, restent rares.
Source : Giuseppe Valeriani, Ornella Corazza, Francesco Saverio Bersani, Claudia Melcore, Antonio Metastasio, Giuseppe Bersani, Fabrizio Schifano, "Olanzapine as the ideal “trip terminator”? Analysis of online reports relating to antipsychotics' use and misuse following occurrence of novel psychoactive substance-related psychotic symptoms", Human psychopharmacology: clinical and experimental, Volume 30, Issue 4, pages 249–254, DOI: 10.1002/hup.2431
Nouvelles substances psychoactives : mise au point
Drug and Alcohol Review propose un numéro thématique en ligne rassemblant des articles de la revue parus entre 2013 et 2015 sur les nouvelles substances psychoactives, notamment sur l’étendue de leurs usages, les marchés existants et les conséquences possibles de leur consommation.
>> Drug and Alcohol Review, 4 septembre 2015
INSOLITE
Art et psychiatrie
Une exposition au centre hospitalier Sainte-Anne consacre les œuvres d’artistes connus pour leur usage de la psilocybine. On pourrait penser que la singularité de ces œuvres plaide en faveur de la psilocybine comme moteur de créativité, or on y ressent plutôt, témoignages à l’appui, combien l’artiste et son art parviennent à dresser les hallucinations qui les parcourent pour les soumettre à leur geste artistique.
Source : Philippe Dagen, "Peindre sous hallucinogène", Le Monde, 30 septembre 2015
"Psilocybine. Quand la psychiatrie observe la création"
Musée Singer-Polignac
Centre hospitalier Sainte-Anne
1, rue Cabanis
Paris 13e
Du mercredi au dimanche, de 14 heures à 19 heures. Entrée libre. Jusqu’au 29 novembre. www.centre-etude-expression.com
Marijuana : mode d’emploi
Un article du Monde s’attarde sur une tendance originale des usagers américains de cannabis à s’auto-affirmer « amateur-expert » et à l’exprimer sur la chaîne YouTube à travers des productions vidéo. Souvent anecdotiques parfois franchement burlesques, certaines vidéos se distinguent cependant et cherchent à faire évoluer l’opinion publique vers plus de tolérance.
Source : "Entre conseils, expérimentations et militantisme, le cannabis se regarde sur YouTube", Xavier Eutrope, 3 octobre 2015
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