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23 novembre 2015

PREVENTION DES RIQUES

Peau de chagrin

L’image que les adolescents ont de leur corps constitue une donnée sensible, multidimensionnelle et révélatrice parfois de sentiments et pensées douloureuses, voire d’idées noires. Des comportements à risque, comme l’usage de substances ou une activité physique inadaptée peuvent accompagner chez l’adolescent cette image négative : ainsi il est fréquent chez les adolescents d’associer tabagisme et activité physique en prétendant contrôler son poids.
Une enquête réalisée auprès de 1017 adolescents a permis de distinguer 4 groupes :
* les non-fumeurs sans activité physique (38 %),
* les non-fumeurs avec une activité physique (13 %),
* les fumeurs sans activité physique (39 %)
* et les fumeurs avec une activité physique (10 %).
Etaient considérés comme actifs les adolescents effectuant plus de 420 minutes d’exercice physique modéré à soutenu par semaine. De façon intéressante, au sein de ces 4 groupes : une image différentiée du corps perçu. Ainsi 33 % des fumeurs inactifs de l’échantillon se disaient stressés vis-à-vis de leur poids contre 24 % des non-fumeurs inactifs, 21 % des fumeurs actifs et 12 % des non-fumeurs actifs. Une proportion moindre des non-fumeurs actifs se disaient préoccupés par une impression de surpoids tandis qu’une proportion plus importante de fumeurs que de non-fumeurs affirmait avoir tenté de perdre du poids. Les non-fumeurs actifs étaient les plus éloignés de sentiments de culpabilité ou de honte nourris à l’égard de leur corps. Enfin les participants affirmant éprouver des sentiments de honte sans culpabilité (guilt free-shame) à propos de leur corps étaient moins représentés dans le groupe des fumeurs actifs, tandis que ceux affirmant éprouver des sentiments de culpabilité sans honte (shame free-guilt) étaient plus représentés dans le groupe des fumeurs actifs.

Source : Gisèle A. Contreras, Catherine M. Sabiston, Erin K. O'Loughlin, Mathieu Bélanger, Jennifer O'Loughlin, "Body image emotions, perceptions, and cognitions distinguish physically active and inactive smokers", Preventive medicine reports
 

EPIDEMIOLOGIE

Mortalité aux Etats-Unis : des données saisissantes 

Une étude statistique publiée dans PNAS révèle des taux de mortalité croissants pour tout un segment de la population blanche d'origine non hispanique aux Etats-Unis, entre 1999 et 2013. Cette hausse de la mortalité concerne plus spécifiquement les individus alors âgés de 45 à 54 ans. Ces données sont d’autant plus frappantes qu’elles suggèrent que la précarité et/ou la vulnérabilité ethnique ne sont pas seules en cause dès lors qu’il s’agit d’expliquer la mortalité prématurée. A l’ombre des grands enjeux de santé publique comme les cancers du poumon ou le diabète, c’est l’insécurité économique, le mésusage d’opioïdes, l’alcool ou encore - plus sournoise - la douleur physique et/ou psychologique associée au vieillissement qui semblent ici sous-tendre ces chiffres surprenants. 

Source : Anne Case, Angus Deaton, "Rising morbidity and mortality in midlife among white non-Hispanic Americans in the 21st century"., PNAS
 

Big (sick) apple 

Selon un rapport publié le 12 novembre dernier, un habitant de la ville de New York sur cinq présenterait des troubles de la santé mentale (dépression, pensées suicidaires, troubles psychologiques, autres). Ainsi par exemple, chaque année, 8 % des lycéens newyorkais déclarent avoir tenté de se suicider. La très forte prévalence de ces troubles à l’échelle d’une seule ville et les comorbidités associées ont engagé le déploiement d’un plan d’envergure par le Department of health and mental hygiene connu sous le nom de NYC Thrive. Ce plan entend notamment mettre en place un système plus intégratif et systématique de suivi de la santé mentale des enfants et des adultes. 

Sources :
>> Laila Kearney, "New York City finds one in five adults has mental health problems", Reuters, 12 novembre 2015
>> Consulter le White paper 

 

RECHERCHE CLINIQUE

Tabagisme et sclérose en plaques

Une étude transversale parue dans le JAMA Neurology, réalisée entre novembre 2008 et décembre 2011 auprès d’un échantillon de 728 individus porteurs d’une sclérose en plaques (SP), met en évidence une association entre statut tabagique et aggravation des symptômes de SP vers sa forme secondaire progressive avec un facteur de conversion accru de l’ordre de 4,7 % par année de tabagisme post-diagnostic (1.047; 95% CI, 1.023-1.072; P < .001). 

Source : Ramanujam R, Hedström AK, Manouchehrinia A, Alfredsson L, Olsson T, Bottai M, Hillert J., "Effect of smoking cessation on multiple sclerosis prognosis.", JAMA Neurology 2015 Oct 1;72(10):1117-23. doi: 10.1001/jamaneurol.2015.1788.
 

Le système de récompense en jeu dans l’obésité ?

La compréhension des mécanismes qui sous-tendent la prise de nourriture dans l’obésité est vitale pour contrer cette pathologie. De premiers travaux avaient déjà montré comment, chez des sujets de poids normal, la perspective et la consommation hédonique de nourriture i.e. ne répondant pas à des impératifs homéostatiques liés à la faim, provoquaient une augmentation des niveaux périphériques de ghréline (ou hormone de la faim) et des endocannabinoïdes.
Une nouvelle étude exploratoire réalisée auprès de 10 patients obèses sévères a pu observer de la même façon, dans des conditions cliniques très similaires mais avec du chocolat au lait cette fois, outre une augmentation des niveaux circulants de ghréline,  une augmentation toute aussi significative de l’anandamide (AEA) et de 2-arachidonoylglycerol (2-AG) et ce, dès l’exposition au chocolat au lait. Cette augmentation combinée de la circulation de ghréline et d’endocannabinoïdes pourrait ainsi expliquer l’appétence (wanting to eat) et le plaisir de se nourrir (liking eating) même en état de satiété. Le système endocannabinoïde serait ainsi associé à des régulations métaboliques indépendantes, d’où l’hypothèse formulée ici, que ces niveaux circulants d’endocannabinoïdes pourraient être le reflet de changements dans les tissus périphériques et les aires cérébrales impliqués dans la récompense. Au regard de ces données préliminaires, la ghréline et les endocannabinoïdes avec leurs fonctions physiologiques propres pourraient constituer une cible pharmacologique distincte dans la lutte contre l’obésité et ses complications.

Source : Rigamonti AE, Piscitelli F, Aveta T, Agosti F, De Col A, Bini S, Cella SG, Di Marzo V, Sartorio A., "Anticipatory and consummatory effects of (hedonic) chocolate intake are associated with increased circulating levels of the orexigenic peptide ghrelin and endocannabinoids in obese adults.", Food and nutrition research, Novembre 2015 Nov 4;59:29678. doi: 10.3402/fnr.v59.29678. 
 

REDUCTION DES RISQUES

« We cannot stand by while Americans are dying. »

La US Food and drug administration donne, à son tour, son accord pour la mise à disposition du tout premier spray nasal de naloxone (Narcan) aux Etats-Unis pour des interventions d’urgence en contexte d’overdose d’opiacés. Jusqu’à présent, seule la naloxone en solution injectable était disponible. Ne requérant pas de formation médicale spécifique, ce nouveau mode d’administration devrait rendre plus faciles les prises en charge immédiates, par les proches notamment, et sauver plus de vies. D’après les informations de l’agence de presse Reuters, les intervenants de première ligne comme les pompiers, les écoles, universités, les forces de l’ordre, les services sanitaires, les associations communautaires bénéficieront d’un « tarif préférentiel » de 37.50 dollars pour un dispositif de 4 ml. 

Sources : 
>> "FDA moves quickly to approve easy-to-use nasal spray to treat opioid overdose", US FDA
>> Consulter l’article de Reuters

 

E-CIGARETTE

E-cigarette : un appel à la raison 

Michael Siegel, professeur en santé communautaire et expert des politiques publiques concernant la réglementation des produits du tabac dénonce comme préjudiciables à la santé publique, les régulations et recommandations concernant la cigarette électronique émises par la Food and Drug Administration (FDA) à l’attention de l’Office of Management and Budget. Il commente en ce sens sur son blog une version provisoire et non publiée des recommandations quant aux conditions de mise sur le marché des cigarettes électroniques. Il juge totalement ces conditions inappropriées, extrêmement exigeantes et très couteuses et se demande, non sans ironie, si la FDA ne s’égare pas au détriment de la santé publique, en laissant imaginer que la cigarette électronique constituerait un problème de santé publique plus préoccupant que la cigarette classique.

Source : Michael Siegel, "FDA is out of its mind: deeming regulations should be called "the cigarette protection act of 2015"; Regs are an embarrassment to public health and will decimate the vaping industry", The rest of the story: Tobacco news analysis and commentary, 16 novembre 2015
 

E-cigarette et consommations d’alcool à risque 

Evaluer les effets sanitaires directs de l’e-cigarette est important, considérer ses effets indirects ne l’est pas moins. Menée auprès d’un échantillon de 1406 individus répartis en deux groupes, une nouvelle étude observe les tendances de consommations associées alcool/e-cigarette et relève une prévalence significative des consommations d’alcool à risque chez les usagers de cigarette électronique Vs non usagers. Ainsi, évaluée dans une perspective de réduction des risques liés au tabac, la cigarette électronique constituerait une alternative bien moins toxique que la cigarette classique mais pourrait cependant encourager la consommation d’alcool là où l’arrêt du tabac - sans recours à l’e-cigarette -tendait à la décourager. 

Source : Hershberger AR, Karyadi KA, VanderVeen JD, Cyders MA, "Combined expectancies of alcohol and e-cigarette use relate to higher alcohol use.", Addictive behaviour, Janvier 2016 ; 52:13-21. doi: 10.1016/j.addbeh.2015.08.005. 
 


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