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22 octobre 2014

PREVENTION DES RISQUES

Soleil vert

Le New York Times se fait l’écho des données récentes sur la prévalence de l’usage de substances psychoactives chez les seniors. Si l’alcool constitue la substance la plus prisée par cette classe d’âge, un rapport de 2013 fait état d’un taux de consommation de substances illicites passant de 2,7 % en 2002 à 6 % en 2013. Parmi les motifs invoqués pour expliquer ces usages : un épisode de la vie parfois critique, la retraite et son corrélat d’isolement, de « mort sociale » et de précarisation. Les personnes âgées sont peu enclines à reconnaître une conduite à risque. Les professionnels de santé, souvent désarmés pour aborder avec elles une dépendance chimique estiment, pour beaucoup, qu’à partir d’un certain âge, l’accompagnement ou le traitement ne sont plus d’aucun secours.

Source : Abby Ellin, "More older adults are struggling with substance abuse", The New York Times, 3 octobre 2014
 

Un étiquetage spécifique pour mieux appréhender sa consommation d’alcool

Estimer sa consommation d’alcool afin de respecter les recommandations en vigueur pour un usage à risque  limité n’a rien d’évident.  Les données concernant le pourcentage d’alcool par volume doivent être rapportées à des tailles de contenants et des degrés d’alcoolisation très variables en fonction des boissons. Dans ce contexte, une enquête réalisée auprès de 301 clients de magasins de spiritueux a mis en évidence a contrario l’impact positif d’un étiquetage indiquant les unités d’alcool par boisson (verres standard) sur l’auto-évaluation des consommations. Sans un dispositif simple d’estimation des consommations comme ce dernier, les recommandations n’ont en effet que peu de chance, selon les auteurs, d’être entendues et observées.

Source : Montana Osiowy, Tim Stockwell, Jinhui Zhao, Kara Thompson, and Shannon Moore, "How much did you actually drink last night? An evaluation of standard drink labels as an aid to monitoring personal consumption", 3 september 2014. - doi:10.3109/16066359.2014.955480
 

C’est arrivé près de chez vous

Etre exposé au marché illicite de substances psychoactives dans son environnement proche n’est pas sans incidence sur le jugement porté à l’égard des usagers et sur l’ampleur des consommations : plus cette exposition est fréquente et régulière, plus le seuil de tolérance des pairs à l’égard de ces conduites à risque liées à l’usage de substances augmente et plus les usages tendent à s’amplifier. C’est ce que suggère une nouvelle analyse issue des données d’une enquête transversale réalisée auprès d’un échantillon représentatif de lycéens américains. La vente illicite de drogues constituerait ici un sur-risque de consommation importante pour les usagers et entrainerait de surcroît une banalisation des usages (cocaïne, cannabis, notamment).

Source : Dustin T Duncan, Joseph J Palamar, James H Williams, "Perceived neighborhood illicit drug selling, peer illicit drug disapproval and illicit drug use among U.S. high school seniors", Substance Abuse Treatment, Prevention and Policy, 2014, 9:35
 

EPIDEMIOLOGIE

Mortalité accrue par overdose d’héroïne aux Etats-Unis

Les décès liés à la consommation d’héroïne vont croissant aux Etats-Unis et semblent liés à la prescription d’antalgiques qui a atteint ces dernières années des seuils alarmants. D’après les données issues d’une étude du CDC : 75 % des usagers d’héroïne inclus dans l’étude, participant à un programme de traitement et ayant commencé à consommer de l’héroïne à partir des années 2000, auraient connu pour la première fois un trouble du mésusage d’opioïdes après une prescription médicale et seraient passés à l’héroïne pour des motifs d’ordre économique et par facilité. A l’inverse, pour 80 % des usagers ayant commencé à consommer de l’héroïne dans les années 60, le mésusage portait d’emblée sur l’héroïne. Cette évolution des consommations expliquerait l’augmentation actuelle des décès par héroïne et le léger déclin des décès liés à la consommation d’opioïdes sur prescription médicale.  En termes de distribution par Etats, bien que les 28 Etats inclus dans l’étude soient touchés, les Etats du nord se distinguent avec une augmentation des décès par overdose d’héroïne de l’ordre de 211 % entre 2010 et 2012, suivis par les Etats du sud-est avec une augmentation de 181 % des décès.

Sources :
* "U.S. heroin deaths double in link to prescription painkillers: CDC", REUTERS, 2 octobre 2014
* Consulter le rapport du CDC : "Increases in heroin overdose deaths - 28 States, 2010 to 2012", 3 octobre 2014 / 63(39);849-854

 

Risques sexuels, VIH et polyconsommations en Grande-Bretagne

Une nouvelle étude épidémiologique parue dans le Lancet HIV issue des données de l’enquête ASTRA attire l’attention sur l’association chez les homosexuels porteurs du HIV et sexuellement actifs entre rapports non protégés et polyconsommations récréatives. D’après les auteurs, compte tenu de cette association, ces populations présentant un risque accru de transmission du VIH et d’autres maladies sexuellement transmissibles, mieux comprendre les motifs qui sous-tendent ces polyconsommations s’impose, dans une démarche de réduction des dommages qui  appelle la collaboration entre les centres de traitement du VIH et les centres d’accompagnement à l’attention des usagers de drogues à risque.

Source : "Recreational drug use, polydrug use, and sexual behaviour in HIV-diagnosed men who have sex with men in the UK: results from the cross-sectional ASTRA study", The Lancet HIV, Volume 1, Issue 1, Pages e22 - e31, Octobre 2014 - doi:10.1016/S2352-3018(14)70001-3
Auteurs : Dr Marina Daskalopoulou, Alison Rodger , Prof Andrew N Phillips, Prof Lorraine Sherr, Andrew Speakman, Simon Collins, Prof Jonathan Elford, Prof Margaret A Johnson, Richard Gilson, Prof Martin Fisher, Ed Wilkins, Prof Jane Anderson, Jeffrey McDonnell, Simon Edwards, Nicky Perry, Rebecca O'Connell, Monica Lascar, Martin Jones, Prof Anne M Johnson, Prof Graham Hart, Alec Miners, Anna-Maria Geretti, Prof William J Burman, Fiona C Lampe

 

SOCIETE

L’addiction en disgrâce dans l’opinion

Les personnes présentant une addiction et les personnes souffrant d’un « trouble mental autre » ne jouissent pas de la même sympathie dans l’espace public. Bien plus stigmatisée, l’addiction est perçue comme dénotant une faillite morale ou un comportement hors la loi et ne devrait pas donner droit notamment à des services spécifiques en termes de logement et d’aides sociales. Un sondage d’opinion réalisé auprès de 709 individus amenés à se prononcer à propos de leurs attitudes à l’égard des personnes souffrant d’un trouble mental a mis en évidence en effet des manifestations de soutien différenciées inversement proportionnels à la dangerosité associée à la maladie, d’où la disgrâce dans laquelle sont tenues les personnes souffrant d’addiction, stigmate alimenté par les médias et leurs portraits souvent peu engageants des comportements addictifs.
 
Source : Barry CL, McGinty EE, Pescosolido BA, Goldman HH., "Stigma, discrimination, treatment effectiveness, and policy: public views about drug addiction and mental illness.", Psychiatric Services, 1 octobre 2014;65(10):1269-72. doi: 10.1176/appi.ps.201400140

Lire aussi les commentaires de cette enquête sur le hub de la Johns Hopkins University
 

Peur du syndrome d’alcoolisation fœtale et interruption de grossesse

La stigmatisation de la consommation d’alcool lors des premiers mois de grossesse véhiculée par les médias aurait poussé certaines jeunes mères à interrompre leur grossesse, persuadées d’avoir condamné leur bébé à des séquelles irréversibles. Emue par ces réactions à la fois extrêmes et non justifiées, le British Pregnancy Advisory Service s’est prononcé en faveur d’un relais raisonné des informations relatives aux risques (réels) des épisodes d’alcoolisation excessive (EAE) sur l’enfant à naître. Il ne s’agit pas d’éluder ces risques, mais de prendre garde de ne pas effrayer outre mesure les jeunes mères, notamment en les rassurant sur le faible risque qu’elles encourent avec leur bébé si un seul EAE a eu lieu en tout début de grossesse alors qu’elles ignoraient être enceintes.

Source : Charlie Cooper, "Media scare stories over drinking during pregnancy are causing women to ask for abortions", The Independant, 7 octobre 2014
 

PHARMACOVIGILANCE

Pic d’overdoses par héroïne frelatée à Vancouver

En deux jours, le centre d’injection supervisée Insite à Vancouver a enregistré 31 cas d’overdoses liées manifestement à une consommation d’héroïne coupée au fentanyl, un opioïde synthétique très puissant. Ce chiffre historique et sans précédent a suscité la mise en place d’un dispositif d’information pour alerter les usagers de la circulation d’héroïne toxique et prévenir de nouvelles surdoses. Les forces de l’ordre se sont ralliées au dispositif d’urgence enjoignant les usagers à préférer une injection sur site, ou du moins en présence d’un tiers. Ces dernières années, le Canada s’est fortement mobilisé dans la formation aux gestes d’urgence en cas d’overdose et dans la mise à disposition de kits de naloxone à l’attention des personnes à risque.

Source : "Toxic heroin causes 31 overdoses at Insite in Vancouver",  The Canadian Press, 14 octobre 2014
 


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