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4 décembre 2014

PREVENTION DES RISQUES

Intoxications au cannabis dans l’Etat de Washington

L’Etat de Washington connaît un pic d’intoxications liées à la consommation de cannabis : en 9 mois, le nombre d’accidents survenus serait déjà en 2014 égal au nombre enregistré sur 12 mois en 2013. L’efflorescence de centres de distribution de cannabis à visée thérapeutique en périphérie – c’est du moins ainsi qu’ils se présentent - et échappant aux contrôles et système de taxes auxquels les boutiques de vente au détail sont soumises à l’intérieur de l’Etat, pourrait expliquer cette augmentation. Les enfants et les jeunes adultes sont également touchés : tandis que, fin 2013, 39 intoxications avaient été rapportées parmi les 13-19 ans, ce chiffre a été atteint dès le mois d’août en 2014, essentiellement dans le contexte d’une consommation accidentelle de cannabis appartenant à leurs parents ou de produits à base de cannabis particulièrement attractifs pour cette population (sucettes, bonbons, barres chocolatées…) accessibles dans ces centres.

Source : Victoria Cavaliere, "Marijuana poisoning incidents spike in Washington state", Reuters, 18 novembre 2014

>> A propos des évolutions rapides des politiques vis-à-vis cannabis, consulter le communiqué de presse  "Régulation du marché du cannabis : du Rio de la Plata au lac Léman" de la fondation Addiction suisse.

 

« Raging bull »

Un article issu du magazine culturel américain The Atlantic propose une synthèse des connaissances issues de quelques études récentes de la littérature quant aux risques associés à la consommation de mélanges de boissons alcoolisées et de boissons énergisantes à base de caféine. Selon les auteurs manque de discernement, accidents, surconsommations d’alcool consécutives, « craving », pertes de conscience et lendemains d’alcoolisation douloureux (gueule de bois) constitueraient autant de risques amplifiés par la consommation de ces mélanges comparée à la consommation d’alcool seul.

Source : Amy Nordrum, "The caffeine-alcohol effect", The Atlantic,  7 novembre 2014
 

Intoxications liées aux mésusages de médicaments en vente libre

Les enfants et adolescents américains sont peu informés des risques liés à la consommation de médicaments. C’est ce que révèlent deux enquêtes menées à l’initiative de l’American association of poison control centers (AAPCC). Chaque année sont enregistrées près de 10 000 hospitalisations d’urgence associées à une surdose ou un mésusage de médicaments suite à une auto-administration, impliquant des enfants ou des adolescents.
En 2012, parmi les 300 000 cas d’intoxication rapportés chez des individus âgés de 6 à 17 ans, plus de la moitié était liée à un mésusage ou une surdose de médicaments sans ordonnance. D’après l’une de ces deux enquêtes, 50% des enfants entre 10 et 12 ans ignorent notamment la dangerosité des médicaments sans ordonnance lorsqu’ils ne sont pas utilisés comme ils le devraient. L’autre enquête réalisée auprès d’un échantillon de 600 parents révèle que ces derniers surestiment très largement les connaissances de leurs enfants à propos des médicaments sans ordonnance, des interactions médicamenteuses ou encore des ressources disponibles si ceux-ci souhaitent s’informer sur ces questions. Ce défaut d’information des enfants et de sensibilisation des parents pourrait être à l’origine de ce nombre préoccupant d’intoxications. De plus, puisque les autorités sanitaires tendent à vouloir accroître le rôle de chacun dans le contrôle de sa santé, il apparaît aujourd’hui plus que souhaitable que les enfants, notamment ces pré-adolescents de 10 à 12 ans en première ligne dans la transition vers plus de responsabilités, soient très tôt mieux alertés quant aux risques liés aux mésusages de médicaments, car les boîtes ou notices en vigueur ne peuvent à elles seules remplir ce rôle d’information et de prévention.

Source : Daniel Gaitan, "‘Tweens’ most likely to misuse over-the-counter meds", Reuters, 14 novembre 2014
 

EPIDEMIOLOGIE

Cocaïne et risques coronariens

Le blog de l’American Heart Association donne écho à une étude présentée dans le cadre de leur session scientifique annuelle  à propos des risques cardiaques encourus par les usagers de cocaïne se plaignant de douleurs à la poitrine. Quasi invisibles dans les angiogrammes effectués au sein des services d’urgence, ces dysfonctionnements micro-vasculaires avec lésions des vaisseaux n’en sont pas moins prégnants chez les usagers de cocaïne et peuvent se manifester par ces douleurs cardiaques et des phénomènes comme le « souffle court ». Bien que des recherches sur des échantillons plus importants soient nécessaires, le premier auteur de l’étude estime qu’on ne peut pas exclure un sur-risque de formation de caillots sanguins consécutif à la consommation de cocaïne, participant à la survenue d’athérosclérose et de maladies des artères coronariennes.

Source : "Cocaine users experience abnormal blood flow, risk heart disease", 18 novembre 2014
 

Consommation d’alcool excessive et alcoolodépendance aux Etats-Unis entre 2009 et 2011

Une nouvelle étude du Center for Disease Control (CDC), réalisée à partir des données de consommation d’alcool recueillies auprès de 138 100 adultes entre 2009 et 2011 met en évidence une prévalence plus élevée de l’alcoolodépendance, de la consommation d’alcool excessive et des épisodes d’alcoolisation ponctuelle excessive (EAPE) chez les hommes âgés de 18 à 24 ans. Cependant, l’analyse sociodémographique des modes de consommation a révélé quant à elle que les EAPE sont plus courants chez les personnes avec un revenu annuel supérieur à 75 000 $ par foyer, tandis que l’alcoolodépendance est plus répandue chez les personnes avec un revenu familial évalué à  moins de 25 000 $ par an. Enfin, si une relation positive peut être établie entre alcoolodépendance et fréquence des EAPE, 90 % des consommateurs d’alcool excessifs ne répondent quant à eux pas aux critères de l’alcoolodépendance.

Source : Marissa B. Esser; Sarra L. Hedden, Dafna Kanny, Robert D. Brewer, Joseph C. Gfroerer, Timothy S. Naimi, "Prevalence of alcohol dependence among US adult drinkers, 2009–2011", Preventing chronic disease, Volume 11, E206, november 2014
 

Usage de substances psychoactives, conduites sexuelles à risque et vieillissement

L’hebdomadaire britannique The Economist se fait l’écho de statistiques récentes suggérant un nombre croissant de conduites à risques chez les seniors. En termes de consommation d’alcool, outre les facteurs de risques que sont l’isolement, les deuils, une santé vacillante, on peut lire dans cette tendance un effet générationnel : les retraités issus du baby-boom ont connu la levée des tabous autour des alcoolisations excessives, banalisant les conduites à risque liées aux consommations d’alcool. Cependant l’alcool n’est pas la seule substance psychoactive prisée par cette population : l’usage de cannabis était dix fois plus présent  en 2007 chez les 50-64 ans qu’en 1993. Bien qu’il puisse s’agir de fumeurs de longue date, cette augmentation interpelle. D’après le  European monitoring for drugs and drug addiction, les centres de soins devraient accueillir en 2020 deux fois plus de personnes de plus de 65 ans qu’en 2001. Enfin, les infections sexuellement transmissibles ne sont pas en reste : la fréquence des herpès génitaux notamment chez les personnes de plus de 65 ans aurait ainsi doublé chez la femme et augmenté de 50 % chez l’homme.  

Source : "Oldies behaving badly: Sex and drugs and getting old", The Economist, 22 novembre 2014
 

RECHERCHE FONDAMENTALE

Efficacité combinée des cannabinoïdes et du THC dans le traitement du gliome

Une nouvelle étude, réalisée sur des lignées de cellules de gliome puis in vivo sur des modèles de souris inoculés, met en évidence l’effet antiprolifératif in vitro du THC et du cannabidiol, qu’ils soient utilisés seuls ou combinés avec la radiothérapie, et l’efficacité d’un tel traitement combiné cannabinoïdes-radiations dans la durée, mesurable au-delà du traitement, ce qui suggère qu’on pourrait attendre  un bénéfice clinique chez l’humain. L’une des hypothèses avancées serait que cette action combinée des cannabinoïdes et des radiations gênerait le phénomène de néo-vascularisation, autrement dit la fabrication par une tumeur des vaisseaux sanguins lui fournissant les nutriments nécessaires à sa croissance.

Source : Scott KA, Dalgleish AG, Liu WM., "The combination of cannabidiol and Δ9-tetrahydrocannabinol enhances the anticancer effects of radiation in an orthotopic murine glioma model.", Molecular Cancer Therapies,14 novembre 2014
 

DROGUES ET SOCIETE

La Grande Guerre et les prémisses des politiques mondiales en matière de drogues

Un article du Lancet propose une lecture de la 1ère Guerre Mondiale comme une période décisive pour le contrôle des drogues et de l’alcool à l’échelle mondiale, période dont la portée se ressentirait encore aujourd’hui. On y apprend notamment que la délivrance de morphine et la cocaïne firent l’objet de contrôles plus serrés pendant la guerre, dans l’intérêt des soldats, pour les prémunir de la folie. Un même élan de contrôle se manifesta en Angleterre pour les importations et exportations de morphine. Alors que la période d’avant-guerre se caractérisait par une grande difficulté des pays à légiférer sur la question des usages et de la circulation de l’opium, la guerre a quant à elle levé la difficulté en instaurant un contrôle à l’échelle mondiale. Si l’alcool ne fut pas l’objet d’une convention internationale, un Central control board vit en 1915 le jour en Grande-Bretagne, avec notamment pour principale mission la régulation des consommations d’alcool et du trafic de spiritueux au sein des unités militaires clés et des forces navales. Il en vint finalement à assurer cette régulation dans le pays tout entier. Bien que cette forme centralisée de contrôle de l’alcool se soit essoufflée après-guerre, certains acquis ont perduré, dont les principes de réduction des risques sous-jacents qui continuent d’animer les autorités sanitaires. Aux Etats-Unis, la régulation de la circulation de l’alcool donna lieu à la prohibition en 1920, levée en 1929 mais qui modifia en profondeur les modes de consommations.

Source : Virginia Berridge, "Drugs, alcohol, and the First World War", The Lancet, Volume 384, Issue 9957, Pages 1840 - 1841, 22 novembre 2014
doi:10.1016/S0140-6736(14)62234-0

 


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