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7 juillet 2014

POLITIQUE DES DROGUES

Le khat en voie de disparition

Le khat est en passe de devenir, non sans émoi chez ses défenseurs, une drogue de classe C en Grande-Bretagne selon la classification opérée par la loi de « Misuse of Drugs Act ». Cette classe comprend les tranquillisants, certains stimulants et les analgésiques opioïdes légers. Bien que ses liens présumés avec l’apparition de troubles psychotiques n’aient pas été avérés pour l’instant, c’est la présence de cathinone, substance active extraites des feuilles de khat, devenue depuis 2010 une substance de classe B, qui a été invoquée pour justifier cette interdiction de même qu’une volonté de s’accorder avec les mesures de contrôle déjà en vigueur dans les autres pays d’Europe.

Source : Naomi Grimley, "Khat ban: why is it being made illegal?", BBC news UK
 

PREVENTION DES RISQUES

L’état de Washington soucieux de prévenir l’usage de cannabis chez les jeunes

Conscient des effets non souhaitables qui pourraient accompagner la légalisation de l’usage récréatif de marijuana, l’état de Washington entend veiller à ce que les emballages ne constituent en rien des appels à la consommation pour les jeunes populations. Aussi toute image attractive, jouet ou quelque incitation que ce soit à consommer, devront être bannis. Plus globalement, les produits mis en vente devront montrer patte blanche, être soumis à des tests de composition et observer un certain nombre de règles d’affichage avec une labélisation claire des produits, des indications sur la concentration en THC.

Source : Bryan Cohen, "Washington state moves to keep recreational pot from kids", Reuters, 24 juin 2014
 

EPIDEMIOLOGIE

Qualité du sperme et style de vie

A rebours des études qui tendent à corréler mode de vie et qualité des spermatozoïdes, une équipe de chercheurs britanniques et canadiens suggère au contraire que ce dernier aurait peu d’incidence sur la morphologie spermatique. Réalisée auprès d’un échantillon de 2249 individus mâles de plus de 18 ans avec prélèvement de sperme et auto-questionnaires sur les consommations d’alcool, de tabac et les usages récréatifs de drogues, l’analyse a porté sur 318 cas pathologiques et 1652 cas référents selon les critères de l’OMS.

Source : A.A. Pacey, A.C. Povey, J.-A. Clyma, R. McNamee, H.D. Moore, H. Baillie, N.M. Cherry, "Modifiable and non-modifiable risk factors for poor sperm morphology", Human reproduction, 4 juin 2014

Sur les déterminants de la qualité du sperme en France voir aussi :
Joëlle Le Moal⇑, Matthieu Rolland, Sarah Goria, Vérène Wagner, Perrine De Crouy-Chanel, Annabel Rigou, Jacques De Mouzon, Dominique Royère, "Semen quality trends in French regions are consistent with a global change in environmental exposure", Human reproduction, 24 février 2014


 

Au cœur du paradoxe

La revue Circulation met en évidence, à travers deux nouvelles études, un paradoxe et non des moindres, selon lequel une consommation modérée d’alcool pourrait être associée notamment à un risque plus faible de développer un anévrisme de l’aorte abdominale*, ou encore aurait un effet protecteur contre les infarctus du myocarde (crise cardiaque) dans la plupart des populations, avec cependant des variations géographiques notables. Quoique fondés sur des bases scientifiques, ces résultats doivent être interprétés avec prudence et de nouvelles études s’imposent pour déterminer ce qui serait un seuil de consommation sans risque, s’il existe. En revanche, que les épisodes d’alcoolisation importante accroissent le risque d’infarctus majeur et ce, plus spécifiquement chez les plus âgés, ne fait pas question.

* Pathologie caractérisée par une dilatation localisée d’un segment de l’aorte dans sa position abdominale avec perte du parallélisme de ses bords

Sources :
1) Darryl P. Leong; Andrew Smyth; Koon K. Teo; Martin McKee; Sumathy Rangarajan; Prem Pais; Lisheng Liu; Sonia S. Anand; Salim Yusuf; on behalf of the INTERHEART investigators, "Patterns of alcohol consumption and myocardial infarction risk: observations from 52 countries in the INTERHEART case-control study", Circulation, 13 juin 2014
2) Otto Stackelberg1*; Martin Björck2; Susanna C. Larsson1; Nicola Orsini1; Alicja Wolk1, "Alcohol consumption, specific alcoholic beverages, and abdominal aortic aneurysm", Circulation, 25 juin 2014


 

Comorbidités schizophrénie et usage de cannabis : une association à double sens ?

Une étiologie génétique commune serait à l’origine du lien existant entre le développement d’une schizophrénie et une consommation importante de cannabis. C’est ce que tend à montrer une nouvelle étude qui s’est intéressée aux déterminants génétiques du risque schizophrénique et suggère que les individus porteurs d’une prédisposition génétique à la schizophrénie sont également plus à risque de consommer du cannabis. Sans nier le rôle souvent décrit du cannabis sur l’apparition de symptômes schizophrènes, cette étude se distingue en envisageant une causalité bidirectionnelle et a pour mérite, selon les auteurs, d’interpeller quant au flou existant entre phénotypes comportementaux - entendus comme l’ensemble des comportements incluant les processus cognitifs et interactions sociales associés de façon significative à un syndrome génétique - et environnement.

Source : R A Power, K J H Verweij, M Zuhair, G W Montgomery, A K Henders, A C Heath, P A F Madden, S E Medland, N R Wray and N G Martin, "Genetic predisposition to schizophrenia associated with increased use of cannabis", Molecular Psychiatry, 24 juin2014
doi:10.1038/mp.2014.51

 

RECHERCHE FONDAMENTALE

Alcoolisation ponctuelle excessive et neurodéveloppement

Les épisodes d’alcoolisation ponctuelle importante (binge drinking) pourraient être à l’origine d’une altération de la morphogénèse neuronale chez le jeune adulte. C’est ce que suggère une nouvelle étude contrôlée en imagerie par résonnance magnétique (IRM) réalisée sur un échantillon de 54 individus âgés de 18 à 24 ans ("binge drinkers" VS "light drinkers") et la mise en évidence de différences d’épaisseur corticale sensibles notamment dans la région frontale du cortex cingulaire, perçues comme une conséquence neuro-structurelle précoce de ces consommations excessives.

Source : Mashhoon Y1, Czerkawski C, Crowley DJ, Cohen-Gilbert JE, Sneider JT, Silveri MM., "Binge alcohol consumption in emerging adults: anterior cingulate cortical "thinness" is associated with alcohol use patterns.", Alcoholism : clinical and experimental research, 24 juin 2014
doi: 10.1111/acer.12475.

 

E-CIGARETTE

Heur et malheur de l’e-cigarette

Le Guardian déplore le manque de données vérifiées quant à la toxicité ou innocuité de l’e-cigarette laissant les débats, pourtant nécessaires, à la seule rhétorique. Ruse de l’industrie du tabac pour contourner l’interdiction de fumer dans les lieux publics pour les uns, outil de réduction des risques pour les autres : les joutes verbales vont bon train tandis que des preuves scientifiques font encore cruellement défaut. Pour l’heure, incitée à prendre parti aussi bien par les ennemis de l’e-cigarette que par ses défenseurs, l’Organisation mondiale de la santé s’interroge quant à elle, sur la meilleure façon d’intégrer l’e-cigarette dans la convention-cadre pour la lutte antitabac.

Source : Sarah Boseley,  "Strong rhetoric on both sides of e-cigarettes debate - but little evidence", The Guardian, 16 juin 2014
 

VU D'AILLEURS

Un camion de soins mobile à Montréal

Médecins du monde vient d’inaugurer à Montréal sa première unité mobile de soins. Destinée à un public de personnes précarisées, ce dispositif devrait générer plus d’équité et concourir à une plus grande accessibilité à l’offre de soin et aux services sociaux existants pour ces populations vulnérables et le plus souvent marginalisées.

Source : "Doctors of the world launches first mobile medical clinic in the streets of Montreal", Health news network, 23 juin 2014
 


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