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22 avril 2015

VU D'AILLEURS

Le charme discret de l’activisme

L’option militaire est de plus en plus décriée comme stratégie pour venir à bout des violences perpétrées par les cartels de drogues. Sanglantes et souvent plus préjudiciables que salutaires, ces interventions laissent place à un nouvel activisme citoyen. Après les assauts des forces armées, un groupe de militants a réussi à ré-enchanter Juarez, ville encore affublée du nom sinistre de murder capital of the world. Ils ont proposé l’amélioration des conditions de vie des habitants avec des écoles, des hôpitaux rénovés, des centres communautaires et des opportunités de travail. A force de mobilisations soutenues, en multipliant les actes de dénonciation de la corruption à travers des performances urbaines, le groupe a réussi à convaincre les pouvoirs publics et à obtenir le soutien du gouvernement fédéral, acquis à l’idée que le renforcement du pouvoir des citoyens est plus bénéfique aux populations que les interventions militarisées. Un bel exemple à suivre…

Source : Brian Stewart, "Mexico's changing drug war: Can activism succeed where the army can't?", CBC News, 15 avril 2015
 

L’usage de crystal meth s’amplifie en Australie

Interpellé par une consommation sans précédent de méthamphétamines sous forme cristalline (crystal meth), le gouvernement australien a mis en place un groupe de travail pour tenter de juguler cet usage grandissant- le crystal meth ayant été identifié d’après un rapport récent de l’Australian crime commission (ACC) comme une substance psychoactive illicite parmi les plus dangereuses pour la communauté. En 2013, d’après le National drug strategy household survey (http://www.aihw.gov.au/2013-national-drug-strategy-household-survey/), 7 % de la population australienne âgée de 14 ans et plus affirmaient avoir consommé des amphétamines ou méthamphétamines au moins une fois au cours de leur vie tandis que 2,1 % d’entre eux rapportaient un usage récent.

Source : "Australia 'crystal meth' clampdown", BBC News, 8 avril 2015
 

PREVENTION DES RISQUES

La profession infirmière au chevet des consommateurs à risques de substances psychoactives

L’agence de presse Canada PR Newswire fait écho au travail d’élaboration de recommandations de bonnes pratiques cliniques pour la prise en charge des consommateurs de substances psychoactives (SPA) mené par le Registered Nurses Association of Ontario (RNAO). Au Canada, on estime que 25 % de la population canadienne connaît un usage problématique de substance. Or seuls 0,4 % d’usagers de SPA ont recours aux dispositifs publics de soins dédiés, une tendance préoccupante qui suggère un défaut criant d’inclusion des intéressés dans les programmes de prise en charge. Face à ce constat, ces recommandations entendent encourager le repérage des usagers à risques quel que soit le service qu’ils sont amenés à fréquenter et à favoriser les interventions brèves lorsqu’elles sont possibles.

Source : "New nursing guideline takes aim at growing substance-use rates", Canada PR Newswire, 31 mars 2015
>> Consulter les recommandations

 

Taxation de l’alcool : une mesure efficace en prévention des risques routiers

En 2009, l’Etat de l’Illinois votait une augmentation des taxes appliquées aux spiritueux. Une étude publiée en mars dernier dans l’American journal of public health a voulu évaluer l’impact de cette augmentation sur la sécurité routière et le nombre d’accidents de la route enregistrés, en comparant les données d’accidentologie 104 mois avant cette nouvelle augmentation et 28 mois après son entrée en vigueur. Parmi les principaux résultats : un recul de 26 % des accidents mortels a pu être constaté après l’augmentation de la taxe tandis que les conducteurs en état d’ivresse étaient moins nombreux : - 22 % avec un taux d’alcoolémie inférieur 1,5/L et – 25 % avec un taux supérieur 1,5g/L, suggérant un impact sensible de cette mesure qui pourrait, à l’échelle du pays, épargner des milliers de vie chaque année.

Source : Wagenaar AC, Livingston MD, Staras SS., "Effects of a 2009 Illinois Alcohol Tax Increase on Fatal Motor Vehicle Crashes.", American journal of public health, 19 mars 2015
 

Une nouvelle stratégie européenne contre les dommages liés à l’alcool

La Commission Environnement, santé publique et sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement européen soutient une résolution pour 2016-2022, appelant à une stratégie renouvelée de l’Union européenne pour contrer les dommages liés à la consommation d’alcool qui puisse conforter et renforcer les politiques nationales. Cette résolution insiste sur l’importance d’un étiquetage optimisé des boissons alcoolisées indiquant ses composants et comprenant des informations nutritionnelles dont sa teneur énergétique. Cette résolution défend en outre certains axes privilégiés comme la promotion de la santé, la prévention et l’éducation avec des mesures force comme un projet de prix minimum par unité d’alcool. Cette résolution sera soumise sous peu en plénière au Parlement européen.

>> Consulter la proposition de résolution
 

EPIDEMIOLOGIE

État des lieux sur le mésusage d’opioïdes dans la littérature scientifique

Il est peu de sujets aussi controversés dans le domaine du traitement de la douleur chronique que le recours aux opioïdes.
Réalisée à partir d’une revue systématique de la littérature entre 2000 et 2013 ayant porté sur 38 articles, une nouvelle étude révèle des écarts spectaculaires de taux de prévalence de mésusage d’opioïdes entre 0,08 % et 81 % selon le type d’études, avec des taux allant de 0,7 % à 34,1 % pour les addictions aux opioïdes. Ces écarts pourraient s’expliquer par des partis pris méthodologiques peu homogènes et l’absence de standard pour le repérage des situations de mésusages. En pondérant ces données en fonction de la qualité des études, les auteurs sont parvenus cependant à réduire les écarts pour obtenir un taux oscillant entre 21% et 29%  ([IC]: 13%-38%) pour les mésusages et entre 8 % à 12% ([IC]: 3%-17%) pour les situations d’addictions aux opioïdes. Autre donnée importante, dans cette revue systématique, 35 articles sur les 38 articles sélectionnés étudiaient ce phénomène aux Etats-Unis suggérant une situation singulière du pays à l’égard de la surconsommation d’opioïdes, celle-ci n’ayant pas par ailleurs, comme le soulignent les auteurs, rendu moins prégnantes les douleurs chroniques, ni les coûts associés à leur prévalence.

Source : Vowles KE, McEntee ML, Julnes PS, Frohe T, Ney JP, van der Goes DN., "Rates of opioid misuse, abuse, and addiction in chronic pain: a systematic review and data synthesis.", Pain. 2015 Apr;156(4):569-76.
doi: 10.1097/01.j.pain.0000460357.01998.f1.

 

Alcoolodépendance et mortalité

Les comorbidités physiques associées à l’alcoolodépendance (AD) sont nombreuses et préjudiciables augmentant très sensiblement le taux de mortalité des individus qui en sont atteints. C’est ce que suggère une étude de mortalité comparée réalisée à partir des données d’admissions enregistrées sur une période de 12,5 années dans sept hôpitaux du nord-est de l’Angleterre. Un taux de mortalité de 20,4 % pour les patients AD contre 8,3 % pour la population contrôle lié notamment au sur-risque de développer des maladies infectieuses, à des comportements de santé associés comme le tabagisme, la sédentarité, la consommation de drogues, plus fréquents au sein de cette population et une prévalence accrue de polypathologies.  


Source : D. Schoepf, R. Heun, "Alcohol dependence and physical comorbidity: Increased prevalence but reduced relevance of individual comorbidities for hospital-based mortality during a 12.5-year observation period in general hospital admissions in urban North-West England", European psychiatry, 1er avril 2015
 

Opioïdes et complications néonatales

Les opioïdes sont l’objet de prescriptions fréquentes chez la femme enceinte en contexte de douleurs périnatales, notamment aux Etats-Unis. Or qu’en est-il de l’état des connaissances de leurs effets sur l’enfant à naître ? Une étude américaine réalisée sur les données médicales d’un échantillon randomisé de 112 029 femmes enceintes est venu conforter ce constat de la fréquence des prescriptions : 28 % des femmes incluses dans l’étude ont rapporté avoir connu au moins une prescription pendant leur grossesse et d’autre part et attire l’attention sur l’association entre usage d’opioïdes chez la femme enceinte et augmentation du risque de complications néonatales. Parmi celles qui prennent régulièrement des opioïdes, la consommation concomitante de tabac et d’une certaine classe de psychotropes (inhibiteurs de recapture de la sérotonine) augmenterait significativement le risque pour l’enfant à naître de développer un syndrome de sevrage néonatal.

Source : Patrick SW, Dudley J, Martin PR, Harrell FE, Warren MD, Hartmann KE, Ely EW, Grijalva CG, Cooper WO., "Prescription opioid epidemic and infant outcomes.", Pediatrics, 13 avril 2015
 

CANNABIS ET SOCIETE

Short cuts

L’activité de taille des plants de cannabis attire un nombre grandissant de travailleurs qui y voient une opportunité d’évolution sur un marché amené à se développer rapidement. Un article du Globe and Mail donne la parole à quelques-uns de ces nouveaux acteurs confiants et optimistes quant à une amélioration continue de leurs conditions de travail et protections sociales associées. Clandestine et précaire il y a peu, cette activité, aujourd’hui légale et encadrée dans l’état de Washington séduit les forces vices qui y perçoivent les promesses d’une évolution de carrière rapide.

Source : "Marijuana trimmers eye careers in growing pot industry", The Globe and Mail, 6 avril 2015
 

Des prescripteurs sceptiques sur le cannabis médical

La communauté médicale aurait probablement beaucoup à apprendre des usagers de cannabis à visée thérapeutique, notamment sur les applications possibles et souhaitées, les bénéfices ou les effets indésirables. Pourtant les essais cliniques sont peu nombreux, faute d’investisseurs notamment. Le Canada ne fait pas figure d’exception et un article de BBC News relaie la situation inconfortable qui est celle de ces usagers face à une communauté médicale sceptique et réservée le plus souvent dès lors qu’il s’agit de prescrire des traitements à base de cannabis, faute de preuves probantes sur leurs effets non désirés à long terme, bien que cet usage soit autorisé par la législation canadienne depuis 2001.

Source : "Medical marijuana users could help researchers define risks, benefits", CBC News, 27 mars 2015
 


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