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13 janvier 2015

Voeux 2015

Tous nos vœux les plus chaleureux pour cette nouvelle année !

Voici un an paraissait la première édition d’Actualités des addictions : savoirs, connaissances et pratiques.
Aussi, à l’occasion de cette date anniversaire et pour nous aider à mieux connaître et répondre à vos attentes, nous vous serions très reconnaissants de bien vouloir répondre à cette enquête en ligne qui ne vous prendra que quelques minutes.

PREVENTION DES RISQUES

Prévention des alcoolisations ponctuelles excessives dans les universités américaines : un bilan désabusé

Un article du New York Times se fait l’écho des « déboires » des acteurs de santé publique dans leur croisade pour contrer le phénomène d’alcoolisation ponctuelle excessive (APE) au sein des universités.
En forte augmentation ces deux dernières décennies, l’APE apparaît pour les autorités américaines comme une véritable crise de santé publique. Malgré un nombre important d’études ayant permis de décrypter les tendances de consommations (lieux, motifs, modes, types de consommations…) ou encore d’élaborer des stratégies de prévention et d’intervention, les consommations d’alcool à risque augmentent un peu plus chaque année au sein de cette population. Pourtant les bonnes volontés ne manquent pas : des structures ont vu le jour comme le Higher Education Center for Alcohol, Center for Alcohol, Drug Use and Violence Prevention ou encore le National College Health Improvement Program’s Learning Collaborative on High-Risk Drinking. Pour comprendre les raisons de cet échec relatif des actions de santé publique et l’essoufflement des parties prenantes, on peut invoquer un manque de financements, des priorités toutes autres pour les universités, des politiques d’établissement permissives, des incitations à consommer qui font fi, pour la plupart, des recommandations émises par les autorités sanitaires en termes de publicité sur le lieu de vente. Bien que cette évolution soit des plus préoccupantes et ces constats peu encourageants, le quotidien américain rappelle, non sans humour, en donnant la parole au directeur du Center for Health and Well Being de l’université du Vermont, qu’il y a 30 ans, une maman pouvait fumer une cigarette au volant, sans ceinture de sécurité, son enfant sur les genoux… Preuve s’il en est besoin que les comportements et les cultures se transforment avec le temps.

Source : Beth Mcmurtrie, "Why colleges haven't stopped binge drinking", New York Times, 14 décembre 2014
 

Le CDC en état d’alerte devant le nombre de décès par intoxication alcoolique aux Etats-Unis

Les intoxications alcooliques peuvent survenir suite à des épisodes ponctuels d’alcoolisation excessive (EPAE). Dans certains, cas elles peuvent être mortelles. Or aux Etats-Unis, 38 millions de personnes affirment connaître en moyenne 4 EPAE par mois. D’après les données issues du dernier rapport Vital Signs du Center for disease control (CDC), les intoxications alcooliques sont responsables de 6 décès chaque jour aux Etats-Unis soit 2200 décès par an, 75 % de ces décès concernent des individus âgés de 35 à 64 ans et ces décès touchent le plus souvent des hommes, plus significativement au sein des populations amérindiennes et des populations autochtones d’Alaska avec des écarts régionaux importants en termes de taux de mortalité (5,3/1 000 000 en Alabama contre 46,5/1 00 0000 en Alaska). Sous-estimées, les intoxications alcooliques doivent aujourd’hui faire l’objet selon le CDC de campagnes de prévention renforcées à la hauteur de cet enjeu, avec une prise en charge coordonnées et pluridisciplinaire, des politiques publiques plus fermes, une surveillance contrôlée et proactive des cas de décès liés aux intoxications alcooliques.

Source : "Alcohol poisoning deaths: a deadly consequence of binge drinking", janvier 2015

EPIDEMIOLOGIE

Les réseaux sociaux en ligne : une addiction comme une autre ?

Une étude transversale réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 253 étudiants américains du premier cycle (âge moyen = 19,68) a voulu explorer le potentiel addictogène des réseaux sociaux en ligne (RSL). En proposant  la formulation de critères diagnostiques comme une tendance à augmenter le temps passé sur les RSL (tolérance), l’irritation générée par l’impossibilité d’y accéder à sa guise ou encore l’envie irrépressible de se connecter, l’étude a pu évaluer à 9,7 % la prévalence des troubles de l’usage des réseaux sociaux au sein de cet échantillon, troubles associés positivement et significativement à d’autres variables comme des scores révélateurs au Young internet addiction test (IAT), et - fait remarquable pour les auteurs - à des difficultés à réguler ses émotions ainsi qu’à des consommations d’alcool à risque. Ces données suggèrent, outre le risque d’addiction lié à l’usage des réseaux sociaux en ligne, des effets négatifs sur les compétences émotionnelles des utilisateurs.   

Source : Hormes JM, Kearns B, Timko CA., "Craving Facebook? Behavioral addiction to online social networking and its association with emotion regulation deficits.", Addiction, Décembre 2014 ;109(12):2079-88. doi: 10.1111/add.12713.
 

Méthamphétamines et symptômes parkinsoniens

Alors que les conséquences à long terme de la consommation de méthamphétamines et autres stimulants assimilés (METH-AMPH) demeurent mal-connues, une étude récente vient conforter les résultats préliminaires de travaux publiés en 2010 selon lesquels le mésusage de METH-AMPH constituerait un risque accru de développer des symptômes parkinsoniens ("Incidence of Parkinson's disease among hospital patients with methamphetamine-use disorders", Russell C. Callaghan et al. DOI: 10.1002/mds.23263, Movement disorders, octobre 2010). Cette nouvelle étude de cohorte détermine en effet, qu’à l’échelle d’un Etat (Utah), le risque de contracter des troubles parkinsoniens est trois fois supérieur chez les individus ayant une consommation abusive de METH-AMPH (en comparaison avec une cohorte contrôle constituée d’individus non exposés à l’usage de drogues et une cohorte constituée d’usagers de cocaïne), confirmant ainsi également un ensemble d’observations précliniques de neurotoxicité réalisées sur des modèles animaux.

Source : Karen Curtin, Annette E. Fleckenstein, Reid J. Robison, Michael J. Crookston, Ken R. Smith, Glen R. Hanson, "Methamphetamine/amphetamine abuse and risk of Parkinson’s disease in Utah: A population-based assessment", Drug Alcohol and Dependance 2015, 1er janvier 2015 146:30-8.
doi: 10.1016/j.drugalcdep.2014.10.027.

 

Risques suicidaires liés à la consommation d’alcool et insomnie

Une étude parue dans le Journal of clinical sleep medicine interroge les mécanismes à l’origine des suicides liés à la consommation d’alcool, selon le genre, en intégrant dans son modèle d’analyse la présence éventuelle d’une insomnie concomitante et l’apparition de cauchemars, dont l’importance dans la physiopathologie des suicides est déjà connue. L’enquête réalisée à partir d’un questionnaire en ligne soumis à un échantillon de 375 étudiants américains en premier cycle révèle une étiologie dans laquelle les symptômes de l’insomnie doivent être envisagés comme un événement favorisant la résolution au suicide en contexte de consommation d’alcool et en ce sens faire l’objet d’une attention toute particulière dans une approche de prévention.

Source : Nadorff MR, Salem T, Winer ES, Lamis DA, Nazem S, Berman ME., "Explaining alcohol use and suicide risk: a moderated mediation model involving insomnia symptoms and gender.", Journal of Clinical Sleep Medicine, 15 décembre 2014, 10(12):1317-23.
doi: 10.5664/jcsm.4288.

 

Dynamiques des consommations d’alcool et parcours de vie en Grande-Bretagne

Si chez les femmes âgées de 45 ans et plus, le célibat consécutif à une séparation peut s’avérer « protecteur » en termes de consommation d’alcool, les hommes quant à eux verraient leurs consommations augmenter et ce, y compris et plus significativement chez les hommes de catégories sociales et professionnelles élevées et à fort capital culturel. C’est ce que tend à montrer une étude britannique qui s’est intéressée aux profils socio-économiques ainsi qu’au statut marital et plus généralement au parcours de vie des consommateurs d’alcool de plus de 45 ans à partir des données de l’English Longitudinal Study of Aging (ELSA). Le statut médical quant à lui affecterait indifféremment les consommations d’alcool des hommes et des femmes : celles-ci diminuant à mesure que la santé des individus se détériore.

Source : Clare Holdsworth, Marina Mendonça, Martin Frisher, Nicola Shelton, Hynek Pikhart2, Cesar de Oliveira, Keele University, University College London, "Alcohol consumption, life course, transitions and health in later life"
 

CANNABIS ET SOCIETE

Un pas historique pour la fin de la guerre contre la drogue aux Etats-Unis

Le Los Angeles Times s’attarde sur les jeux d’influence qui sous-tendent la légalisation progressive des usages récréatif et médical du cannabis aux Etats-Unis. Si les Démocrates soutiennent de longue date la libéralisation du cannabis, les Républicains se taillent la part du lion en accompagnant les Etats vers l’acceptation de ces usages que le gouvernement fédéral continuent de qualifier de dangereux. Le Congrès, quant à lui, semble aujourd’hui prendre parti pour la légalisation du cannabis médical et en cela renforce la prise de position des républicains. Ces évolutions politiques sont perçues comme « historiques » par les analystes, reflet d’une tendance nationale qui devrait mener à court terme à la levée de l’interdit fédéral.

Source : "Congress quietly ends federal government's ban on medical marijuana", Los Angeles Times, 16 décembre 2014

Pour aller plus loin : M le magazine du Monde consacre un long article sur le Colorado comme « terre promise du cannabis » dans son édition du 8 janvier dernier, évoquant le business sans précédent autour du cannabis que cet Etat aurait insufflé voire généré à lui seul, banalisant ses usages et produits dérivés, créant un cadre réglementaire commun aux produits de l’alcool qui semble fonctionner y compris pour les alcooliers qui s’étaient montrés extrêmement défavorables au départ. Bien que des réserves en termes d’effets sanitaires persistent notamment au sein de la Food and drug administration, qui se garde cependant de se prononcer sur le cannabis qui demeure illégal au niveau fédéral, l’enjeu est aujourd’hui dans la transposabilité du modèle du Colorado puisqu’à l’horizon 2016, plusieurs Etats auront à se prononcer sur la libéralisation du cannabis.
"Le Colorado, terre promise du cannabis", M le Monde, 8 janvier 2015

 

Du cannabis thérapeutique au chevet des enfants

Les enfants habitant l’Etat de l’Illinois peuvent, depuis le 1er janvier 2015, bénéficier d’un traitement à base de cannabis si leur état de santé le justifie, dans le cadre d’une mise à disposition spécifique et réglementée. La réglementation précise en effet qu’il devra s’agir de produits ne requérant pas de combustion comme des gouttes, des infusions, ou des aliments, que le traitement sera effectué sous la supervision d’un adulte et que la prescription nécessitera l’accord conjoint du médecin traitant et d’un second médecin. Sont concernés notamment les jeunes patients souffrant d’un cancer ou d’une dystrophie musculaire.

Source : Robert McCoppin, "Children will get access to medical marijuana in Illinois", Chicago Tribune
 

INSOLITE

Electric dreams

Un nouveau dispositif pour le grand public baptisé Thync attendu courant 2015 prétend pouvoir nous permettre d’agir sur nos humeurs à partir de stimulations électriques du cerveau. Ce projet aussi improbable qu’il puisse paraître, a pourtant réussi déjà à susciter 10 millions de livres d’investissement et vise le  marché mondial des produits stimulants et relaxants qui représentent 300 milliards de dollars. Le principe en est simple et la technique de la stimulation intracrânienne à courant direct est déjà utilisée pour traiter des pathologies comme la dépression, l’autisme ou la maladie d’Alzheimer. A partir d’une cartographie cérébrale associant telles régions du cerveau à tels sentiments, cette stimulation électrique serait capable d’agir sur la volonté, les motivations, la confiance en soi ou encore la créativité et en cela, pourrait participer, selon les scientifiques à l’origine de ce dispositif,  notamment à la prise en charge de l’alcoolo-dépendance ou de l’addiction au jeu.
D’après les commissions de contrôle, Thync serait pour l’instant sans danger (bien que l’un de ses instigateurs ait avoué s’être évanoui deux fois lors de ses premiers essais…), le journaliste du Sunday Times qui s’est prêté au jeu en est, quant à lui, revenu mais « changé »…

Source : John Arlidge , "’Appy ever after", The Sunday Times, 30 novembre 2014
 


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