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10 juillet 2015

SANTE PUBLIQUE

Le sevrage tabagique en officine

Une enquête réalisée à partir d’un questionnaire anonyme en ligne auprès d’un échantillon randomisé de 220 pharmaciens à propos du sevrage tabagique en officine met en évidence des pratiques en accord avec les recommandations en vigueur concernant la délivrance des substituts nicotiniques. Elle a permis cependant d’observer quelques approximations en termes de connaissances des référentiels de bonnes pratiques à l’attention des populations plus à risque. Enfin cette enquête préliminaire propose quelques pistes d’amélioration possibles, notamment à travers l’aménagement d’un espace de confidentialité dans l’officine, un suivi plus systématique des fumeurs et une formation des pharmaciens à la tabacologie.

Source : Anne Dansou, Charlotte Pousséo, Virginie Kaniut, Audrey Leloup, Mathilde Aubry, Anne Le Louarn, "L’aide au sevrage tabagique dans les officines françaises", Santé publique, vol 27, mars-avril 2015
 

Boire peu, c’est mieux

Le Time revient sur les recommandations de “consommation d’alcool à moindre risque” telles qu’elles sont définies par le National institute on alcohol use and alcoholism (NIAAA) selon lequel aucune donnée probante ne permettrait à l’heure actuelle d’attribuer un sur-risque aux personnes respectant ces recommandations au regard des personnes abstinentes. Ainsi, une femme ne dépassant pas 3 volumes d’alcool par jour et 7 volumes d’alcool sur une semaine se tiendrait dans les limites de consommation définies par le NIAAA, de même qu’un homme s’en tenant à 4 volumes d’alcool sur une journée et ne dépassant pas 14 volumes d’alcool sur une semaine. La notion de seuil de consommation d’alcool à moindre risque demeure cependant controversée dans la communauté scientifique.  En revanche les dommages associés aux épisodes d’alcoolisation ponctuelle excessive et à l’alcoolo-dépendance sont bien connus et objet d’un consensus.

Source: Alexandra Sifferlin, "What drinking does to your body over time", Time, 1 juillet 2015
 

VU D'AILLEURS

Plus de violences et plus d’opium en Afghanistan

Le commerce de l’opium est florissant en Afghanistan et se développe, tout comme les violences que connait le pays, avec 3 700 civils tués en 2014. L’année 2014 se place en effet, selon le dernier rapport des Nations unies comme une année record en termes d’occupation des terres par la culture d’opium. Les efforts d’éradication touchent quant à eux, en premier lieu, les fermiers les plus pauvres, engendrant violences et radicalisme. Aujourd’hui 240 000 hectares de terre sont dédiés à la culture de l’opium en Afghanistan qui représente 85 % de la production mondiale d’opium et 77 % de la production d’héroïne.

Source : "A new high", The Economist, 4 juillet 2015
 

EDUCATION A LA SANTE

Fumer tue. Un joint s’il vous plait.

Tandis que la consommation de cigarette chez les adolescents diminue voire décroit, l’usage de cannabis et de cigarette électronique augmente. On sait par ailleurs que les risques et bénéfices perçus d’un produit tendent à incliner sa consommation chez les adolescents. Or que sait-on de l’idée que les adolescents se font des risques associés au cannabis et à l’e-cigarette ? Une étude qualitative s’est interrogée, dans cette perspective, sur les connaissances que les adolescents ont de ces produits et sur la provenance et la qualité des messages véhiculés. Réalisée auprès de 24 adolescents (9 filles et 15 garçons), l’enquête révèle une vraie hétérogénéité de l’état des connaissances par produits. Les effets sanitaires de la cigarette semblaient connus  tandis que les connaissances relatives aux effets du cannabis ou de l’e-cigarette étaient moindres, inégales et issues de sources à la fiabilité parfois toute relative (camarades, milieu familial, médias).

Source : Roditis ML, Halpern-Felsher B., "Adolescents' Perceptions of Risks and Benefits of Conventional Cigarettes, E-cigarettes, and Marijuana: A Qualitative Analysis.", Journal of adolescent health, 12 juin 2015
pii: S1054-139X(15)00157-3. doi: 10.1016/j.jadohealth.2015.04.002.

 

PHARMACOLOGIE

Héroïne médicalisée après échec des autres traitements de substitution aux opiacés

Une revue systématique de la littérature publiée dans le British journal of psychiatry suggère l’efficacité des traitements par injection supervisée d’héroïne pharmaceutique auprès des personnes héroïno-dépendantes réfractaires aux traitements de maintien à la méthadone, notamment. La méta-analyse portait sur 6 études randomisées réalisées dans 6 pays. Elles ont été sélectionnées selon les critères de rigueur scientifique construits avec le réseau Cochrane. Evaluée comme efficiente sur les patients résistants aux autres traitements en vigueur, coût-efficace et permettant de réduire les comportements à risque liés à la recherche d’héroïne de rue, la prescription d’héroïne pharmaceutique, parce qu’elle comporte des effets indésirables importants, requiert cependant un cadre clinique adapté et un suivi renforcé des patients.

Source : John Strang, Teodora Groshkova, Ambros Uchtenhagen, Wim van den Brink, Christian Haasen, Martin T. Schechter, Nick Lintzeris, James Bell, Alessandro Pirona, Eugenia Oviedo-Joekes, Roland Simon, Nicola Metrebian, "Heroin on trial: systematic review and meta-analysis of randomised trials of diamorphine-prescribing as treatment for refractory heroin addiction", The British Journal of Psychiatry (2015) 207, 5–14. doi: 10.1192/bjp.bp.114.149195
 

RECHERCHE FONDAMENTALE

Des souris et des hommes

Plusieurs études associent usage de cocaïne, pathogénèse du VIH et progression de la maladie. Or, le nombre important de facteurs confondants (co-infections, polyconsommations) dans ces études ne permet pas d’appréhender, de façon spécifique, les mécanismes qui sous-tendent les effets de la cocaïne sur le VIH. Pour dépasser ces limites méthodologiques, une nouvelle étude a développé et utilisé un modèle de souris humanisées, en lequel étaient reconstituées toutes les lignées de cellules immunitaires permettant ainsi de contrôler l’infection à VIH et les réponses immunitaires. A partir de ce modèle animal, cette étude parvient à mettre en évidence une exposition accrue à la cocaïne comme un facteur per se d’accélération de l’infection à VIH, d’augmentation de la charge virale et de l’inflammation et une altération ("blunting") de la fonction des lymphocytes T cytotoxiques comme effecteurs de l'immunité spécifique.

Source : Kim SG, Lowe EL, Dixit D, Seyeon Youn C, Kim IJ1, Jung JB2, Rovner R, Zack JA, Vatakis DN., "Cocaine-mediated impact on HIV infection in humanized BLT mice.", Scientific Reports, Juin 2015 18;5:10010. doi: 10.1038/srep10010.
 

RECHERCHE CLINIQUE

"Electric dreams"

Le recours à des stimulations transcraniennes directes et répétées dans la région du cortex préfrontal dorsolatéral améliorerait de façon sensible les symptômes de la cocaïno-dépendance, comme le besoin impérieux de consommer la drogue (« craving »), le niveau d’anxiété avec un effet bénéfique sur la qualité de vie des usagers. Ce sont les résultats d’une étude randomisée contrôlée ayant inclus 38 usagers de cocaïne âgés de 20 à 40 ans, âge moyen : 30 ans, (dont 19 individus contrôle) soumis à 5 séances de stimulation de 20 minutes (1 séance de stimulation par jour).

Source : Edson Kruger Batista , Jaisa Klauss , Felipe Fregni , Michael A. Nitsche , Ester Miyuki Nakamura-Palacios, "A randomized placebo-controlled trial of targeted prefrontal cortex modulation with bilateral tDCS in patients with crack-cocaine dependence", The International Journal of Neuropsychopharmacology, 11 juin 2015
DOI: http://dx.doi.org/10.1093/ijnp/pyv066

 

AU FEMININ

Inégalités d’accès aux soins entre hommes et femmes usagers de drogues

D’après le rapport annuel de l’United nations office on drugs and crime (UNODC), les femmes usagères de drogues plus stigmatisées que les hommes auraient aussi plus de difficulté à intégrer un programme de traitement, faute de pouvoir ou de vouloir s’éloigner de leur foyer, par peur que la garde de leurs enfants leur soit retirée. Si les femmes représentent au niveau mondial un tiers des usagers de drogues, en revanche seul un usager sur 5 en traitement est une femme. D’après ce même rapport, les femmes usagères de drogues sont plus nombreuses à être orientées par les services sociaux alors qu’elles recherchent de l’aide pour d’autres motifs, dont des troubles de la santé mentale. Enfin, les tendances de consommation varient entre hommes et femmes. Les femmes sont plus enclines au mésusage de médicaments sur prescription et trois fois moins nombreuses que les hommes à consommer du cannabis, de la cocaïne ou des amphétamines.

Source : Kieran Guilbert, "Female drug users shun treatment for fear of losing children: U.N.", Reuters, 26 juin 2015
>> Consulter le rapport

 

REDUCTION DES RISQUES

Activisme au féminin

Le collectif catalan GynePunk crée des outils de gynécologie d’urgence à l’attention des travailleuses du sexe, des femmes en situation de précarité dans une perspective de réduction des inégalités de santé, notamment pour les minorités qui ne bénéficient pas de la sécurité sociale.  
A l’origine d’outils de dépistage do it yourself (DIY) des infections urinaires et mycoses génitales, ce collectif féminise la réduction des risques tout en participant à une transformation en profondeur des représentations de la féminité conservatrices et rétrogrades en promouvant notamment une forme renouvelée de la pornographie.

Source : Ewen Chardronnet, "GynePunk, les sorcières cyborg de la gynécologie DiY", Markery, 30 juin 2015
 


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