Copy

2 juin 2015

PREVENTION DES RISQUES

TSO en milieu carcéral et discontinuité des soins

Une enquête préliminaire publiée dans le Lancet attire l’attention sur les risques associés à l’interruption d’un traitement de substitution aux opiacés parfois imposée à l’entrée en détention des individus incarcérés. L’étude a inclus 109 détenus forcés d’interrompre leur traitement et 114 ayant pu bénéficier d’un maintien de leur traitement pour des peines supérieures à 1 semaine et inférieures à 6 mois. Rarement progressive et souvent abrupte, l’interruption d’un traitement sous méthadone constituerait, au regard de la continuité du traitement, un facteur de sur-risque d’overdose et de comportements à risques et découragerait chez les anciens détenus un retour dans un programme de maintien à la méthadone le mois suivant la sortie.

Source : Josiah D Rich, , Michelle McKenzie, Sarah Larney, John B Wong, Liem Tran, Jennifer Clarke, Amanda Noska, Manasa Reddy, Nickolas Zaller, "Methadone continuation versus forced withdrawal on incarceration in a combined US prison and jail: a randomised, open-label trial", The Lancet, 28 mai 2015
 

"Operation Pilluted"

Si les opioïdes sont efficaces dans le soulagement de la douleur, leur utilisation comporte aussi un risque de surdose et d’autres conséquences négatives. Les Etats-Unis particulièrement touchés, avec plus 22 000 décès associés à la prescription d’opioïdes en 2013, ont lancé une vaste opération dans 4 Etats pour endiguer la distribution illégale d’opioïdes et les abus de prescription/délivrance. En 15 mois, 280 arrestations ont été effectuées dont 22 praticiens et pharmaciens. Outre ces arrestations, 202 armes à feu, 404 808 dollars en espèce et 52 véhicules ont été saisis.

Source : Bill Berkrot, "DEA announces four-state crackdown on illegal pill distribution", Reuters, 20 mai 2015
 

Usage de drogues et premier recours

Faut-il s’inquiéter des consommations récréatives de drogues dès lors qu’elles ont lieu le week-end exclusivement ? Dans le cadre de l’étude ASPIRE (Assessing Screening Plus Brief Intervention’s Resulting Efficacy to Stop Drug Use), 483 sujets ont bénéficié d’une évaluation et d’une  intervention brève et le devenir de ceux qui présentaient une CWE a été comparé à celui de personnes présentant une consommation de weekend et de semaine (CWES). Les patients avec CWE maintiennent une certaine stabilité des volumes qu’ils consomment et présentent moins de risque de consommations excessives que les CWES, mais sur 6 mois, 28 des 52 patients avec CWE avaient élargi leur consommation aux autres jours de la semaine, s’exposant aux mêmes risques que les CWES. Cette étude confirme l’intérêt du repérage précoce et montre l’importance d’une réévaluation régulière des situations après intervention.

Source : Bernstein J, Cheng DM, Wang N, Trilla C, Samet J, Saitz R., "Recreational drug use among primary care patients: implications of a positive self-report.", Annals of Family Medicine mai 2015;13(3):257-60. doi: 10.1370/afm.1750.
 

EPIDEMIOLOGIE

Alcool et cardio-toxicité

Une consommation modérée d’alcool est-elle préjudiciable aux fonctions et structures cardiaques ? Une étude observationnelle parue dans la revue Circulation recherche les signes d’une cardiomyopathie en lien avec les consommations d’alcool dans un échantillon de 4466 patients hommes et femmes âgés de 76 ans (±5 ans). Elle met en évidence des changements anatomiques notables du cœur, notamment des diamètres diastoliques et systoliques du ventricule gauche (VG), plus larges et un diamètre de l’atrium gauche plus large également, à mesure de l’augmentation des volumes d’alcool consommés. Par ailleurs les femmes se distinguaient avec une réduction des fonctions systoliques du VG et du ventricule droit, y compris pour des consommations d’alcool modérées, suggérant une plus grande vulnérabilité des femmes aux effets cardiotoxiques de l’alcool.

Source : Alexandra Gonçalves, Pardeep S. Jhund, MB ChB, Brian Claggett, Amil M. Shah, Suma Konety, Kenneth Butler, Dalane W. Kitzman, Wayne Rosamond, Flavio D. Fuchs, Scott D. Solomon, "Relationship between alcohol consumption and cardiac structure and function in the elderly. The Atherosclerosis risk in communities study.", Circulation, 30 mai 2015
 

PHARMACOLOGIE

Du LSD pour la recherche

Time prolonge un éditorial du British Medical Journal à propos des applications cliniques possibles des substances psychédéliques et plaidant pour leur reclassification. Le LSD et les champignons hallucinogènes sont en effet classés comme substances illégales en Grande Bretagne et parmi les drogues les plus dangereuses depuis la fin des années 60. L’auteur de ce plaidoyer, professeur honoraire à l’Institute of Psychiatry, Psychology and Neuroscience au King’s College de Londres dénonce des restrictions d’usage inadaptées et préjudiciables à la conduite d’essais cliniques. Sans sous-évaluer les effets indésirables associés à l’abus de ces substances, des centaines d’articles décrivent une amélioration de l’état des patients atteints de maladies psychiatriques, de troubles du développement de la personnalité, ou souffrant d’angoisse chronique, dès lors qu’elles sont administrées dans des conditions contrôlées.

Source : Alexandra Sifferlin, "Do LSD and magic mushrooms have a place in medicine?", Time, 26 mai 2015

>> Consulter l’éditorial de BMJ : Rucker JJ., "Psychedelic drugs should be legally reclassified so that researchers can investigate their therapeutic potential.", BMJ. 26 mai 2015 ;350:h2902. doi: 10.1136/bmj.h2902.

 

La MDMA, un traitement adjuvant dans l’autisme ?

Le quotidien britannique l’Indépendant donne écho à une revue de la littérature publiée en mars dernier dans Progress in neuro-psychopharmacology and biological psychiatry. Celle-ci donne un aperçu de l’état de la recherche sur les applications cliniques de la MDMA dans sa forme pure auprès des patients atteints de troubles de l’autisme, notamment sur le symptôme d’anxiété sociale. L’étude propose également une méthodologie standardisée pour des essais pilotes et laisse envisager de nouvelles données d’évaluation à moyen terme avec la mise en place d’une étude préliminaire en 2014.

Sources :
* Lucy Clarke-Billings, "Autistic adults could take pure MDMA to 'reduce social anxiety'", The Independant, 26 mai 2015
* Alicia L. Danfortha, Christopher M. Strubleb, Berra Yazar-Klosinskic, Charles S. Grobd, "MDMA-assisted therapy: A new treatment model for social anxiety in autistic adults"

 

NEUROANATOMIE

Tabagisme et amincissement du cortex cérébral

Une étude d’envergure sur les conséquences neuroanatomiques du tabagisme a été réalisée auprès d’un échantillon de 504 individus hommes et femmes âgés de 72 à 73 ans, fumeurs, ex-fumeurs ou non-fumeurs issus d’une cohorte écossaise examinée pour la première fois en 1947 dans le cadre d’une enquête sur la santé mentale en Ecosse. Cette étude a mis en évidence une association forte et dose-dépendante entre nombre de cigarettes fumées par an et épaisseur du cortex cérébral, siège des fonctions de la mémoire, du langage et de la perception notamment. Les résultats parus dans Molecular Psychiatry obtenus par imagerie, suggèrent par ailleurs une possible réversibilité de ces effets en 25 ans pour un équivalent de 29,7 paquets de cigarettes/an.

Source : S Karama, S Ducharme, J Corley, F Chouinard-Decorte, J M Starr, J M Wardlaw, M E Bastin and I J Deary, "Cigarette smoking and thinning of the brain’s cortex", Molecular Psychiatry 2015 20: 778-785
 

Cannabis et faux souvenirs

L’usage de cannabis ne serait pas sans incidence sur une fonction mnésique bien spécifique qui consiste à pouvoir distinguer les vrais des faux souvenirs. Contrairement aux altérations de la mémoire de travail qui tendent à se normaliser à l’arrêt de la consommation, les anciens consommateurs quotidiens de cannabis, même abstinents, seraient plus enclins aux faux souvenirs, comme on peut l’observer dans certaines maladies neurologiques et psychiatriques ou auprès des personnes âgées. C’est ce qu’a montré une étude contrôlée d’imagerie cérébrale sur 16 individus ayant déclaré un usage quotidien sur les deux dernières années au moins (âge d’initiation : 17 ans (12-20), 21 ans de consommation cumulée (3-39), 42 000 occasions de consommation (4000-246 375) et 5 cigarettes de cannabis (1-24)). La consommation de cannabis serait également associée, dans cet échantillon, à des altérations du fonctionnement du lobe temporal médian et externe suggérant en outre une dégradation de la mémoire épisodique, en contexte de consommation de cannabis importante.

Source : J Riba, M Valle, F Sampedro, A Rodríguez-Pujadas, S Martínez-Horta, J Kulisevsky and A Rodríguez-Fornells, "Telling true from false: cannabis users show increased susceptibility to false memories", Molecular Psychiatry 2015 20: 772-777; 31 mars 2015; 10.1038/mp.2015.36
 

DROGUES ET SOCIETE

Photographie

Photographe, Yann Castanier a pendant deux ans capturé en images le quotidien de marginaux à Sète. Le site Street-Press publie un extrait de son reportage et des photographies qu’il a réalisées auprès de ses personnages parfois hauts en couleur, mais surtout en grand dénuement, exposés à des violences quotidiennes, déboussolés et seuls.

Source : "Subutex, baston et love story", Street Press, 4 mai 2015
 


Email Marketing Powered by Mailchimp