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4 février 2015

POLITIQUE DES DROGUES

Des mesures répressives pour usage ou trafic de legal highs en prison

Les détenus en possession d’euphorisants légaux ("legal highs") seront soumis à des sanctions en Grande-Bretagne dès la fin du mois de janvier, du fait des violences et du désordre qu’ils génèrent  selon les autorités. Ces sanctions iront de la suspension de certains de leurs « privilèges » comme le port de leurs propres vêtements, l’accès à la télévision, à la suspension du droit de visites, au confinement en cellule jusqu’à 21 jours consécutifs, au transfert dans une prison plus sécurisée voire à un prolongement de peine jusqu’à 42 jours de détention supplémentaires.

Source : Tim Ross, "Prisoners taking 'legal highs' to be kept in jail longer", The Telegraph, 25 Janvier 2015
 

Get up, stand up

En Amérique du Sud, après le Mexique, la Colombie et l’Argentine, la Jamaïque prend le chemin, à son tour, d’une légalisation de la possession de quantité limitée de cannabis pour sa consommation personnelle. C’est ce qu’annonce BBC news qui précise que le projet de loi en discussion prévoit également la délivrance de licences pour produire, vendre et dispenser du cannabis dans une perspective thérapeutique.

Source : "Jamaica considers marijuana legalisation and production", BBC News, 22 janvier 2015
 

PREVENTION DES RISQUES

Ne jouez pas au super-héros

Le Guardian revient sur le décès de 4 personnes en Angleterre à la suite de l’absorption récréative d’un comprimé baptisé "Pink Superman", pris à tort pour de l’ecstasy, composé de para-méthoxyméthamphétamine (PMMA) en dose létale (3,4-méthylène-dioxy-methamphétamine ou MDMA). Malgré les avertissements lancés par un laboratoire hollandais quelques jours avant ces accidents et une mobilisation importante sur les réseaux sociaux d’experts britanniques investis dans la prévention en milieux festifs et de communautés d’usagers, ces décès n’ont pu être prévenus faute d’un dispositif d’alerte sanitaire réactif et performant au niveau national.

Source : Ian Sample, "Superman’ pill deaths spark calls for dangerous-drugs alert system. The Netherlands issued early warnings about lethal pills believed to have subsequently killed four in UK over the festive break", The Guardian, 16 janvier 2015

A deux c’est mieux

Hommes et femmes sont fortement influencés par les comportements de leur conjoint(e) en ce qui concerne leur propension à adopter des comportements favorables à une meilleure santé. Plus encore, si l’un des partenaires s’inscrit dans une dynamique positive de changement, la propension au changement de son(a) conjoint(e) et ses chances d’aboutir seront plus grandes. En effet l’effet d’entraînement est plus significatif si l’un des partenaires transforme ses comportements de santé plutôt que s’il est déjà en bonne santé ("partner who was always healthy") (homme fumeur : 48% vs 8%, [OR], 11.82 [95% CI, 4.84-28.90]; femme fumeuse : 50% vs 8%, OR, 11.23 [4.58-27.52]) (activité physique chez l’homme 67% vs 26%, OR, 5.28 [3.70-7.54]; activité physique chez la femme 66% vs 24%, OR, 5.36 [3.74-7.68]) (perte de poids chez l’homme 26% vs 10%, OR, 3.05 [1.96-4.74]; chez la femme : 36% vs 15%, OR, 3.08 [1.98-4.80]). C’est ce que met en évidence une étude parue dans JAMA International Medicine à partir d’une analyse des données relatives à 3 722 couples d’individus de plus de 50 ans, issus d’une large cohorte britannique, analyse attentive à trois déterminants de santé : l’exercice physique, l’alimentation et le statut tabagique.

Source : Sarah E. Jackson; Andrew Steptoe; Jane Wardle, "The influence of partner’s behavior on health behavior change. The english longitudinal study of ageing", JAMA International Medicine, 19 janvier 2015
doi:10.1001/jamainternmed.2014.7554

 

EPIDEMIOLOGIE

Cannabis, résistance à l’insuline et index de masse corporelle chez les eskimos

Une étude préliminaire réalisée auprès d’une population de 786 Inuits adultes de la Nunavik Inuit Health Survey révèle un taux de consommation de cannabis important à hauteur de 57,4 % de l’échantillon, consommation associée à un index de masse corporelle (IMC) plus faible que chez les non consommateurs de cannabis avec une prévalence de l’obésité deux fois moins élevée chez les usagers de cannabis. Si des facteurs confondants comme le processus de métabolisme du glucose ou des marqueurs associés ont été pris en compte, les auteurs, prudents quant à l’interprétation et la généralisation de leurs résultats, n’excluent pas que cette population présente un profil métabolique spécifique.

Source : Ngueta G, Bélanger RE, Laouan-Sidi EA, Lucas M., "Cannabis use in relation to obesity and insulin resistance in the Inuit population.", Obesity (Silver Spring). 31 décembre 2014
doi: 10.1002/oby.20973

 

PHARMACOLOGIE

"Binge Britain"

David Nutt, professeur de neuropsychopharmacologie à l’Imperial College de Londres, chevalier déchu par le gouvernement britannique pour avoir affirmé que l’équitation était plus dangereuse que l’ecstasy, se réjouit de la mise au point des deux nouvelles substances qu’il a développées pour prévenir les symptômes douloureux de lendemains de fête. La première substance, alcosynth, dérivée des benzodiazépines, se présente comme une boisson qui mime les effets de l’alcool mais permettrait d’échapper au risque de « gueule de bois » et ne générerait ni toxicité hépatique, ni agressivité, ni perte de contrôle. La seconde substance baptisée chaperone est décrite quant à elle comme capable d’atténuer les effets de l’alcool et prévenir les seuils critiques d’alcoolisation. Disponibles en premier lieu dans les bars huppés, ces deux substances pourraient devenir, selon David Nutt « les alliés RDR » des consommateurs d’alcool. Pour justifier l’intérêt de ces substances en termes de santé publique et contrer les sceptiques, David Nutt n’hésite pas à invoquer l’attrait soudain et inattendu de la communauté médicale pour l’e-cigarette et estime cohérent et salutaire qu’un tel dispositif de substitution en vienne à exister pour l’alcool.

Source : Rebecca Burn-Callander, Zoe Cormier, "Get drunk without a hangover on synthetic booze", The Telegraph, 22 janvier 2015
 

CANNABIS ET SOCIETE

Le cannabis plébiscité en contexte de douleurs chroniques non liées à un cancer

Une étude australienne menée auprès d’un échantillon de 1514 individus souffrant de douleurs chroniques non liées à un cancer, sous traitement par opioïdes ou ayant été traités par opioïdes, a mis en évidence un usage fréquent du cannabis comme adjuvant antinociceptif au sein de cette population. En effet, 16 % des individus inclus dans l’étude, le plus souvent touchés d’épisodes douloureux récurrents et intenses, affirmaient avoir eu recours au cannabis à des fins antalgiques et décrivaient une sensation de douleur ressentie moindre que sous opioïdes seuls.

Source : Degenhardt L, Lintzeris N, Campbell G, Bruno R, Cohen M, Farrell M, Hall WD., "Experience of adjunctive cannabis use for chronic non-cancer pain: Findings from the Pain and Opioids IN Treatment (POINT) study", Drug and alcohol dependence, 1er février 2015;147:144-50.
doi: 10.1016/j.drugalcdep.2014.11.031.

 

E-CIGARETTE

E-cigarette et libération de formaldéhyde : une étude très controversée

Une lettre à l’éditeur parue dans le New England Journal of Medicine à propos des effets sanitaires de la cigarette électronique a connu un large écho dans la presse nationale et internationale et suscité une vive controverse au sein de la communauté scientifique. Les données qui y sont évoquées suggèrent, en condition expérimentale (à une intensité de 5 volts), une libération de formaldéhyde trois fois plus élevée lorsque l’e-liquide est chauffé que lors de la combustion d’une cigarette classique, et sur le long terme, l’inhalation de 14,4mg (+-3,3 mg) de cette substance classée cancérigène, multipliant ainsi le risque de développer un cancer par 5 à 15 pour le vapoteur au regard du fumeur de cigarette classique. Plusieurs analyses critiques de ces données, notamment quant à la transposabilité de ces résultats en condition d’utilisation normale, sont venues en limiter la portée, en dénonçant un parti pris méthodologique inadapté et contestant la légitimité d’une extrapolation des résultats.

Source : "Hidden formaldehyde in e-cigarette aerosols", New England Journal of Medicine  2015; 372:392-394, 22 janvier 2015
DOI: 10.1056/NEJMc1413069

Pour une lecture critique de ces données :
* "Spreading fear and confusion with misleading formaldehyde studies"
* "The deception of measuring formaldehyde in e-cigarette aerosol: the difference between laboratory measurements and true exposure"

 


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