POLITIQUE DES DROGUES
Arrestations pour usage de cannabis dans le Colorado : les disparités ethniques perdurent
Bien que les arrestations pour possession de cannabis aient décliné très sensiblement dans le Colorado depuis l’ouverture de la première boutique de vente de cannabis au détail, les minorités noirs-américaines continuent d’être surreprésentées en termes d’interpellations pour consommation illégale de cannabis au sein de l’espace public, d’après un rapport récent de la Drug Policy Alliance.
Source : "Marijuana arrests in Colorado after the passage of amendment 64", Drug Policy Alliance, 25 mars 2015
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VU D'AILLEURS
Nyaope, précarité et solidarités en Afrique du Sud
Le nyaope est une drogue de synthèse particulièrement addictive, composée d’héroïne, de cannabis et de détergents. Interdite depuis peu en Afrique du Sud, elle compte pourtant plusieurs milliers d’usagers, notamment dans les quartiers les plus défavorisés. Faute d’un engagement suffisant des autorités sanitaires dans la prise en charge, les usagers et leurs familles, démunis, ont de plus en plus recours à des centres de réhabilitation improvisés clandestins en fort développement selon le South African National Council of Alcoholism and Drud Dependence (Sanca), mêlant thérapie de groupe, enseignement par les pairs et travaux à la ferme.
Source : Nomsa Maseko, "South African townships’ addictive drug cocktail", BBC News
God bless marijuana
Un « sanctuaire » pour les usagers de cannabis au-dessus des lois dans la ville de Nederland dans les montagnes du Colorado, c’est ce que défend une weed-activiste américaine estimant que la légalisation du cannabis en vigueur dans cet Etat reste factice du fait de l’interdit fédéral. A l’image des politiques migratoires qui prévoient un droit d’asile pour les réfugiés, les usagers de cannabis devraient pouvoir, eux aussi, se sentir protégés dès lors qu’ils ne nuisent pas à l’ordre public. Aussi, une proposition visant à interdire à la ville l’utilisation de fonds pour renforcer toute mesure susceptible d’enfreindre les usages à des fins spirituelles ou thérapeutiques de cannabis sera soumis aux habitants à l’automne.
Source : "Colorado pot campaigner seeks 'sanctuary' status for mountain town", Reuters, 25 mars 2015
PREVENTION DES RISQUES
La pédagogie plutôt que l’exclusion
Les efforts de prévention consentis par les établissements scolaires à propos des risques liés à l’usage de cannabis ne sont pas vains et concourent au contraire à une plus faible prévalence des usages. C’est ce que suggère une étude longitudinale ayant considéré sur un an l’incidence respective des approches préventives et punitives en contexte de manquement au règlement intérieur de la part des élèves. Ces derniers, lorsqu’ils avaient bénéficié d’informations sur les risques liés à l’usage de cannabis étaient en effet moins nombreux à consommer du cannabis que les élèves plus exposés à des mesures sans appel comme l’exclusion temporaire de l’établissement.
Source : Tracy J. Evans-Whipp, Stephanie M. Plenty, Richard F. Catalano, Todd I. Herrenkohl, John W. Toumbourou, "Longitudinal effects of school drug policies on student marijuana use in Washington state and Victoria, Australia", American Journal of Public Health
Système de verrouillage éthylométrique : une mesure de prévention coût-efficace
Equiper les véhicules d’un anti-démarreur éthylométrique pourrait engendrer aux Etats-Unis, en 15 ans, temps estimé pour la mise en place complète du dispositif, une baisse de 85 % du nombre des accidents de la route mortels et une diminution de l’ordre de 84 à 88 % des accidents non mortels associés à la consommation d’alcool. En termes de coût social, cette baisse significative du nombre d’accidents de la route représenterait une économie substantielle estimée à près de 342 milliards de dollars. C’est ce que révèle une étude de modélisation publiée dans l’American Journal of Public Health en mars dernier qui prévoit par ailleurs un retour sur investissement des coûts d’installation du dispositif en 3 ans.
Source : Patrick M. Carter, Carol A. C. Flannagan, C. Raymond Bingham, Rebecca M. Cunningham, Jonathan D. Rupp, "Modeling the injury prevention impact of mandatory alcohol ignition interlock installation in all new US vehicles", American journal of public health
Recul de la RDR dans le traitement du matériel d’injection usagé au Canada
La presse canadienne donne écho au désarroi et à l’inquiétude des équipes officinales suite à une directive ministérielle imposant un nombre limité de bacs collecteurs pour le traitement du matériel perforant tranchant. L’entreprise qui fournit ces conteneurs ne pourra désormais livrer qu’une caisse de 36 petits bacs par mois pour chaque pharmacie et cesser de les approvisionner en bacs de 5 litres. La directive ne dit pas en revanche ce qu’il adviendra de ces déchets s’ils ne peuvent être collectés selon les normes de sécurité en vigueur, faute de conteneurs en nombre suffisant. Les officinaux, interloqués, y voient une mesure à l’encontre efforts menés jusqu’à présent pour réduire les risques liés à la circulation du matériel d’injection usagé dans l’espace public.
Source : Justine Mercier , « Bacs pour seringues souillées: des pharmaciens craignent le pire », Le Droit, 25 mars 2015
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EPIDEMIOLOGIE
Du cannabis à l‘hippocampe
A quoi ressemble l’hippocampe des individus ayant présenté un trouble de l’usage de cannabis (TUC) et qu’en est-il de leur mémoire épisodique, selon qu’ils présentent ou non une schizophrénie (TUC-SCZ) ? A cette question, une équipe de cliniciens américains est venue apporter quelques éléments de réponse avec la neuroimagerie structurelle. Des variations morphologiques spécifiques ont ainsi été identifiées chez les individus ayant présenté un TUC et les TUC-SCZ comparés aux individus contrôle (individus sains sans TUC / individus atteints de schizophrénie sans TUC). Par ailleurs, un déficit des performances de la mémoire épisodique était manifeste aussi bien chez les TUC que chez SCZ-TUC. Cependant, tandis que les différences morphologiques observées étaient associées à une mémoire épisodique moins performante chez les TUC, elles reflétaient chez les SCZ-TUC un trouble de l’usage de cannabis installé sur le plus long terme avec des périodes de rémission plus courtes.
Source : Smith MJ, Cobia DJ, Reilly JL, Gilman JM, Roberts AG, Alpert KI, Wang L, Breiter HC, Csernansky JG., "Cannabis-related episodic memory deficits and hippocampal morphological differences in healthy individuals and schizophrenia subjects.", Hippocampus. 11 mars 2015
doi: 10.1002/hipo.22427.
RECHERCHE FONDAMENTALE
Neuroanatomie différentielle du phénomène d’incubation du « craving »
Une étude menée sur des rats Sprague-Dawley a permis d’identifier la fonction critique du noyau central de l’amygdale lors du phénomène d’incubation du « craving » (PIC) autrement dit l’augmentation progressive post-sevrage de l’appétence pour la substance observée en condition d’auto-administration, ici consécutive à un sevrage de méthamphétamines. Une autre donnée significative selon les auteurs : les régions du cortex préfrontal dont la région ventro-médiane notamment, impliquée dans le PIC en contexte de sevrage de cocaïne - au même titre que le noyau central de l’amygdale - ne seraient pas sollicitées quant à elles. Ces résultats, s’ils confortent le rôle déterminant du noyau central de l’amygdale comme substrat commun des PIC, suggèrent cependant des mécanismes d’incubation spécifiques en fonction des substances.
Source : Xuan Li, Tamara Zeric, Sarita Kambhampati, Jennifer M Bossert, Yavin Shaham, "The central amygdala nucleus is critical for incubation of methamphetamine craving", Neuropsychopharmacology (2015) 40, 1297–1306; doi:10.1038/npp.2014.320;
SOCIOLOGIE DES TENDANCES DE CONSOMMATION
Je vieillis donc je bois ?
Alors que la prévalence des usages d’alcool à risque dans la population vieillissante constitue une donnée bien documentée dans la littérature, une nouvelle étude se distingue en donnant la parole aux consommateurs. Ces derniers ont été interrogés sur leurs modes de consommations d’alcool depuis l’âge de 60 ans et sur les évolutions perçues au regard de leurs modes de consommation par le passé. L’enquête a porté sur 6 011 individus, hommes et femmes, âgés de 61 à 85 ans issus d’une cohorte de fonctionnaires britanniques. Plus de la moitié d’entre eux déclaraient un changement dans leurs habitudes à l’égard de l’alcool : pour 40 %, il s’agissait d’une diminution des consommations et pour 11 %, d’une augmentation. Parmi les raisons les plus invoquées pour expliquer une diminution des consommations : des opportunités sociales de boire de l’alcool moins nombreuses et le choix de la modération pour raisons de santé. Des opportunités sociales de consommations d’alcool plus nombreuses et des responsabilités moindres justifiaient une augmentation des consommations. Enfin, un effet de genre et de statut socio-économique (SSE) a été observé dont une tendance à accroitre sa consommation plus sensible chez les individus à SSE plus élevé et une tendance plus marquée chez les femmes à consommer de l’alcool en réponse à un stress ou à une dépression.
Source : Britton A, Bell S., "Reasons why people change their alcohol consumption in later life: findings from the Whitehall II cohort study.", PLoS One. 2015 Mar 10;10(3):e0119421.
doi: 10.1371/journal.pone.0119421. eCollection 2015.
INSOLITE
Un chocolatier réinvente la poudre
Digital Trends relaie les propos culottés d’un chocolatier belge quant au mode de dégustation le plus adapté pour apprécier à leur juste valeur les saveurs du cacao. Sniffer le cacao, voilà le secret, y apprend-on, avec près de 25 000 sniffeurs de chocolat déjà vendus. « Au commencement, ce sont surtout la menthe et le gingembre qui secouent votre nez, puis la saveur de la menthe s’apaise et laisse place au chocolat, dont le goût perdure dans votre cerveau pendant une quinzaine de minutes. » A vos barres…
Source : Jenny McGrath, "Why eat chocolate when you can snort it? A Belgian chocolatier invented a way", Digital trends, 10 février 2015
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