VU D'AILLEURS
L’alcoolodépendance et la consommation d’alcool à risque sont sous-diagnostiquées au Canada
Près de 40 % des Canadiens consommeraient de l’alcool au-delà des recommandations de consommation à moindre risque en vigueur dans ce pays, et le repérage d’une consommation à risque s’effectue de façon tardive, à partir de l’identification d’un dommage physique ou social. La médecine de ville peine à assurer un rôle moteur de premier recours, faute de temps et de facilité à l’évoquer avec leurs patients. C’est ce que révèle une mise au point documentée proposée par le think tank canadien Healthy Debate. Il existe cependant des outils comme l’intervention brève dont l’efficacité est soutenue par des données probantes. La prescription de traitements médicamenteux est envisageable également mais demeure une option thérapeutique d’accès non facilité et sous-investie par une médecine de ville se sentant trop peu formée à ces prescriptions. Les modalités d’intervention se développent cependant. Dans la province d’Alberta, en plus d’encourager le repérage précoce et l'intervention brève, les forces en présence s’organisent pour encourager les approches préventives avec la formation des médecins, la mise à disposition de ressources et l’organisation du repérage en médecine de ville.
Source : "Health care system is failing people with alcohol addiction, say experts", Healthy Debate, 3 septembre 2015
>> A propos du faible repérage des conduites à risque liées à l’alcool en médecine générale en Ontario : Genane Loheswaran, Sophie Soklaridis, Peter Selby, Bernard Le Foll, "Screening and treatment for alcohol, tobacco and opioid use disorders: a survey of family physicians across Ontario", 29 avril 2015, 2015
DOI: 10.1371/journal.pone.0124402
Un « kif » en Algérie
D’après le dernier rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), le Maroc demeure le premier producteur de résine de cannabis du continent africain. L’Afrique du Nord enregistrait des quantités de résine saisies en hausse avec en 2013, 211 tonnes de résine saisies en Algérie contre 53 tonnes en 2011.
La marchandise produite à Ketama vers l’Algérie passe par Oudja. Si la contrebande y est bien connue, le trafic semble en revanche intouchable tant le réseau des trafiquants est dense et puissant, peu intimidé par les tranchées, grillages, douanes et patrouilles de gendarmerie censés garder cette frontière officiellement fermée mais qui ne résiste pas sous l’appât du gain.
Source: "Sur la route du cannabis marocain", El Watan, 27 août
>> Consulter le rapport 2014 de l’OICS
EPIDEMIOLOGIE
Mésusage de médicaments sur prescription aux Etats-Unis
Le Prescription drug monitoring report 2015 a identifié certaines tendances dans le mésusage de médicaments sur prescription observées entre 2011 et 2014. Les données ont été obtenues à partir de tests urinaires réalisés par les laboratoires Quest Diagnostics auprès d’un échantillon national de 2 551 611 américains répartis pour l’essentiel sur 12 Etats (80 % de l’échantillon). Il met en évidence des taux toujours très hauts, mais en baisse (63 % en 2011 contre 53 % en 2014 avec une baisse de 2 % seulement entre 2013 et 2014). En termes de distribution des usages injustifiés de médicaments, on observe surtout chez les adultes de plus de 30 ans un mésusage important d’opiacés et d’oxycodon (opioïde analgésique semi-synthétique), chez les enfants de moins de 10 ans un mésusage d’amphétamines et d’opiacés ; le cannabis et les opiacés sur prescription sont en tête des mésusages identifiés chez les jeunes âgés de 10 ans à 29 ans dans le cadre de cette étude.
Source: Prescription drug misuse in America
RECHERCHE CLINIQUE
Neurophysiologie de l’addiction aux jeux en ligne
Une étude parue dans Translational Psychiatry caractérise l’addiction aux jeux en ligne dans sa différence avec l’addiction à l’alcool à partir de l’analyse comparative de l’activité électro-encéphalographique de 34 individus présentant une addiction aux jeux (SAJ), 17 individus présentant un trouble de l’usage de l’alcool (TUA) et 25 individus sains. A l’examen des résultats, la puissance bêta apparaissait plus faible chez les sujets SAJ d’où l’hypothèse, formulée par les auteurs, qu’il s’agirait là d’un indice neurophysiologique différenciant, marqueur de cette pathologie comportementale, distincte du TUA.
Source : K-L Son, J-S Choi, J Lee, S M Park, J-A Lim, J Y Lee, S N Kim, S Oh, D J Kim, J S Kwon, "Neurophysiological features of Internet gaming disorder and alcohol use disorder: a resting-state EEG study", Translational Psychiatry (2015) 5, e628; doi:10.1038/tp.2015.124, 1 septembre 2015
DROGUES ET VIH
Mauvais mélanges
La composition des antirétroviraux peut évoluer. L’apparition de nouvelles substances psychoactives est continue et nourrit les pratiques de ChemSex. Qu’en est-il des interactions possibles entre les traitements VIH et les drogues récréatives ? C’est l’objet d’une étude publiée dans Aids qui s’est intéressée plus spécifiquement aux interactions entre le ritonavir et le cobicistat, deux pharmaco-activateurs présents dans les traitements antirétroviraux (AR) et certaines drogues. Ces amplificateurs sont métabolisés par des enzymes hépatiques connues sous le nom de CYP2D6 et CYP3A4, enzymes activées également par plusieurs drogues, d’où un risque d’interactions dommageables. Parmi les drogues concernées, le crystal meth, la MDMA, la méphedrone, la kétamine, les médicaments contre les dysfonctions érectiles et les benzodiazépines. Une autre forme d’interaction peut avoir lieu avec les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse dont le processus de métabolisation est autre. Cela s’applique à l’efavirenz, la névirapine et l’étravirine mais non pour la rilpivirine dont il n’y a pas d’interaction documentée avec les drogues récréatives. La consommation de substances psychoactives comme l’alcool, le cannabis, le poppers, l’héroïne et autres opioïdes ne semblent pas entraîner d’ interactions dangereuses avec les AR. De la même façon certains AR n’entrainent pas d’interaction problématique connue.
Source : Bracchi, Margherita; Stuart, David; Castles, Richard; Khoo, Sayed; Back, David; Boffit, Marta, "Increasing use of ‘party drugs’ in people living with HIV on antiretrovirals: a concern for patient safety", AIDS, 24 août 2015, Volume 29 - Issue 13 - p 1585–1592, doi: 10.1097/QAD.0000000000000786
E-CIGARETTE
E-cigarette et mauvaise science
Dans son blog, Michael Siegel, professeur au sein du Department of Community Health Sciences de la Boston University School tente de débrouiller les confusions qui grèvent une approche rigoureuse de la cigarette électronique dans l’évaluation de ses effets sanitaires. Ainsi, dans le cadre d’une étude publiée récemment dans le JAMA Pediatrics qui d’après ses auteurs suggère que l’expérimentation de la cigarette électronique constituerait une voie vers le tabagisme, Michael Siegel souligne l’inconsistance des données et leur fausse interprétation. Peut-on assimiler une bouffée de cigarette à une entrée dans le tabagisme ? Peut-on extrapoler des observations concernant uniquement 6 sujets ? Michael Siegel déplore une interprétation trompeuse de ces données participant à la diffusion d’un message alarmiste infondé.
>> Consulter les billets du blog Tobacco analysis à propos de cette étude
* Reporting of Findings from JAMA Pediatrics Study is Inaccurate
* Does New JAMA Pediatrics Study Show that E-Cigarettes are a Gateway to Youth Smoking?
>> Consulter l’étude publiée dans JAMA : Primack BA, Soneji S, Stoolmiller M, Fine MJ, Sargent JD., "Progression to traditional cigarette smoking after electronic cigarette use among US adolescents and young adults.", JAMA Pediatrics. 8 septembre 2015. doi: 10.1001/jamapediatrics.2015.1742.
E-joint
Une étude parue dans la revue Pediatrics s’inquiète du « détournement » de l’e-cigarette pour consommer du cannabis. Réalisée en 2014 à partir d’un questionnaire auto-déclaratif sur un échantillon de 3847 lycéens issus de 5 établissements dans le Connecticut, cette étude rapporte un usage jugé important de l’e-cigarette pour vapoter du cannabis chez les lycéens, déclaré par 5,4 % des répondants. En termes de répartition, sur ces 5,4 %, 18 % avait déjà utilisé une cigarette électronique, 18,4 % déjà consommé du cannabis et 26,5 % avaient à la fois déjà consommé du cannabis et vapoté (26,5 %). Le vapotage d’huile de cannabis, de cire infusée au THC, ou encore la vaporisation de feuilles de cannabis séchées figuraient parmi les modes de consommation les plus répandus.
Source : Meghan E. Morean, Grace Kong, Deepa R. Camenga, Dana A. Cavallo, Suchitra Krishnan-Sarin, "High school students’ use of electronic cigarettes to vaporize cannabis", Pediatrics, 7 septembre 2015
INSOLITES
Argent liquide
En Australie, on peut échanger un uniforme de pompiers d’occasion contre 15 packs de bière. Craignant une dévaluation de la monnaie, les commerçants se tournent vers une valeur très prisée en Australie : la bière. Cette économie de la bière trouve sa « source » dans les réseaux sociaux comme une monnaie d’échange de bien et de service. Attention cependant à la montée en flèche du bourbon qui pourrait bien distancer la blonde…
Source : "Beer economy booms: Booze becoming currency of choice in WA", The Australian, 28 août 2015
Des airs de fiction
Un ancien professeur de chimie a été interpellé tout récemment, soupçonné de produire des méthamphétamines aux côté de ses deux fils dans plusieurs laboratoires au Canada. Ils devront répondre de deux chefs d'accusation de complot et de production d’ecstasy. Ce fait divers, qui n’est pas sans évoquer la série américaine Breaking Bad parmi les plus suivies et adulées outre-Atlantique, a suscité un écho médiatique important.
Source : "Production d'ecstasy : un ancien professeur de chimie arrêté", Ici Radio Canada, 9 septembre 2015
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