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24 juillet 2014

Bel été à tous !

Déjà six mois qu'existe la newsletter Actualités des addictions, et plus de 400 abonnés !  Merci à tous nos lecteurs pour leur intérêt et leur fidélité.

Après ce 12e opus, nous effectuerons une petite pause en août pour revenir à la rentrée, qui s'annonce toujours plus riche en actualités.

Nous vous souhaitons un bel été !


Les équipes du Respadd, de l'Ippsa et de la Fédération Addiction

PREVENTION DES RISQUES

Populations vulnérables et transmission du VIH 

Un nouveau rapport de l’United nation on drug and crime (UNODC) attire l’attention sur les inégalités en termes de prévention et de traitement du VIH à l’attention des détenus et des usagers de drogues par voie intraveineuse (UDVI) et estime qu’un effort particulier auprès de ces populations s’impose pour enrayer l’épidémie de sida à l’horizon 2030. Ce rapport met en évidence une baisse significative de la transmission du virus chez les UDVI au sein des pays ayant investi dans la réduction des risques. L’un des facteurs de risques les plus évidents au sein des prisons y est également évoqué : la surpopulation carcérale favorisant les maladies infectieuses et des difficultés d’accès aux soins. 

Source : "New report warns on gap in HIV prevention and treatment for prisoners, people who inject drugs", 17 juillet 2014 
 >> Consultez le rapport

EPIDEMIOLOGIE

Dopage académique

L’usage de substances psychoactives en guise de stimulants intellectuels irait croissant chez les étudiants européens soumis à une pression académique importante. Bien qu’aucune étude longitudinale n’ait été réalisée sur ce phénomène qui permette d’étayer cette affirmation, quelques enquêtes comme celle menée en mai dernier par un journal étudiant britannique révélant qu’1 étudiant sur 5 admet avoir eu recours au Modafinil en période d’examen (médicament d’ordinaire prescrit dans le traitement de la narcolepsie pour son effet éveillant), ou cette autre enquête ayant porté sur 6275 étudiants à Bâle et Zurich dévoilant que 1 étudiant sur 7 consomme des neurostimulants, constituent des signaux forts. Ces pratiques qui s’apparentent à du dopage, outre les questionnements éthiques qu’elles soulèvent, ne sont pas sans effet en termes de santé publique puisque l’on relève parmi les effets non désirés pouvant survenir à l’occasion de ces usages : insomnie, irritabilité, agressivité, arythmie cardiaque, psychoses, pour ne citer que quelques-uns des risques associés à ces consommations.

Source : Dmitry Petrounin, "European students’ use of ‘smart drugs’ is said to rise", 6 juillet 2014

Un test high-tech pour prédire les conduites à risques liées à l’alcool chez l’adolescent 

Une équipe internationale de chercheurs vient de développer un test réalisé à partir de la modélisation de données issues d’un échantillon de 692 adolescents concernant leur mode de vie, leur environnement familial, leur vie affective mais aussi leurs gènes et leurs structures cérébrales afin d’identifier les facteurs de vulnérabilité qui sous-tendent les consommations d’alcool à risque et ce faisant apporte de nouveaux éléments pour appréhender l’étiologie de ces mésusages tout en suggérant de nouvelles cibles d’intervention. 

Source : "Neuropsychosocial profiles of current and future adolescent alcohol misusers.", Nature, 2 juillet 2014  
Auteurs : Whelan R, Watts R, Orr CA, Althoff RR, Artiges E, Banaschewski T, Barker GJ, Bokde AL, Büchel C, Carvalho FM, Conrod PJ, Flor H, Fauth-Bühler M, Frouin V, Gallinat J, Gan G, Gowland P, Heinz A, Ittermann B, Lawrence C, Mann K, Martinot JL, Nees F, Ortiz N, Paillère-Martinot ML, Paus T, Pausova Z, Rietschel M, Robbins TW, Smolka MN, Ströhle A, Schumann G, Garavan H; the IMAGEN Consortium.
doi: 10.1038/nature13402 

Consommation d’alcool à risque : attention aux mélanges

Une nouvelle étude vient conforter l’hypothèse déjà formulée en 2013 selon laquelle la combinaison alcool-boissons énergisantes tendrait à accroître le désir de consommer plus d’alcool que la consommation d’alcool seul. Cette étude basée sur des données déclaratives recueillies auprès d’un échantillon de 75 participants entre 18 et 30 ans auquel ont été présentés en aveugle un mix vodka soda (« alcohol-only condition ») et un mix vodka-boisson énergisante (« alcohol+energy drink condition »), suggère en effet un besoin plus impérieux d’alcool (« urge to drink alcohol ») suite à la consommation du mix alcool-boisson énergisante Vs vodka-soda. Bien que les facteurs impliqués dans cet effet demeurent incertains, la piste des propriétés stimulantes de la caféine est invoquée.

Source : Rebecca McKetin, Alice Coen, "The effect of energy drinks on the urge to drink alcohol in young adults", Alcoholism: clinical & experimental research, 17 juillet 2014
DOI: 10.1111/acer.12498

RECHERCHE FONDAMENTALE

Usage de cocaïne et dysfonctions cognitives

On observe communément des troubles cognitifs chez les usagers de cocaïne. Cependant, ces troubles sont-ils induits par l’usage de cocaïne ? Sont-ils réversibles ? Evoluent-ils en fonction des modes de consommation ? Une étude longitudinale parue dans la revue Neuropsychopharmacology s’est intéressée à ce lien probable entre intensité des consommations et fonctionnement cognitif chez les usagers de cocaïne. Réalisée sur un échantillon de 57 usagers et 48 individus contrôle, cette étude  suggère d’une part une association entre usage de cocaïne et dysfonctions cognitives, celles-ci s’aggravant à mesure que l’usage s’intensifie, et d’autre part l’existence de mécanismes de neuroplasticité adaptative tels que les usagers devenus abstinents retrouvent sur une période d’un an le même niveau de capacités cognitives que les individus contrôle. Cependant, une initiation précoce à l’usage de cocaïne constituerait un facteur de risque susceptible d’altérer ce processus de recouvrance.

Sources :
* "Cognitive impairment in cocaine users is drug-induced but partially reversible: evidence from a longitudinal study", Neuropsychopharmacology (2014) 39, 2200–2210
Auteurs : Matthias Vonmoos, Lea M Hulka, Katrin H Preller, Franziska Minder, Markus R Baumgartner and Boris B Quednow
doi:10.1038/npp.2014.71

Development and alternative crops provide hope in war on illicit drugs – UN

Comportements sexuels compulsifs et addictions : un même désir ?

Les comportements sexuels compulsifs (CSC) et l’addiction avec substances partageraient certaines caractéristiques neurobiologiques. C’est ce que tend à suggérer une étude ayant exposé 19 individus porteurs de  CSC et 19 individus témoins à des contenus sexuels explicites et observé par neuroimagerie la réponse neuronale associée. L’examen IRM a en effet révélé une activation plus importante des régions du cortex cingulaire antérieur, du striatum ventral et de l’amygdale notamment chez les patients porteurs d’un CSC Vs contrôle,  réseaux identifiés comme impliqués dans le manque en contexte de dépendance à la nicotine, à la cocaïne ou en situation d’alcoolo-dépendance.

Source : Voon V, Mole TB, Banca P, Porter L, Morris L, Mitchell S, Lapa TR, Karr J, Harrison NA, Potenza MN, Irvine M, "Neural correlates of sexual cue reactivity in individuals with and without compulsive sexual behaviours", PLoS One, 2014 Jul 11;9(7):e102419.
doi: 10.1371/journal.pone.0102419. eCollection 2014.

Etats cérébraux sous psilocybine 

L’expérience de la psilocybine se caractérise par des altérations profondes dans la perception du temps, de l’espace, de la subjectivité et un sentiment d’omniscience. Compte tenu du caractère spontané et subjectif de l’apparition de ces effets, une équipe de chercheurs a voulu mettre à l’épreuve, dans le cadre d’une démarche expérimentale, l’hypothèse selon laquelle les corrélats neuronaux de cette expérience psychédélique seraient tangibles au niveau de la dynamique des connectivités et fluctuations neuronales spontanées de l’activité cérébrale, et mesurables par neuroimagerie. Outre la lumière que cette étude apporte sur la compréhension des spécificités de l’état de conscience psychédélique, les mesures d’imagerie réalisées à partir du tissu cérébral mettent en évidence des changements de l’état d’oxygénation du cerveau localisés dans des zones cérébrales suggérant des similitudes inattendues entre l’état psychédélique et l’état de rêve. 

Source : Enzo Tagliazucchi, Robin Carhart-Harris, Robert Leech, David Nutt andDante R. Chialvo, "Enhance repertoire of brain dynamical states during the psychedelic experience", Human brain mapping, 2 juillet 2014

CIGARETTE ELECTRONIQUE

La cigarette électronique peu plébiscitée en Belgique

La Fondation contre le cancer publie les résultats d’une enquête sur le tabagisme en Belgique et révèle le peu d’engouement généré par la cigarette électronique au regard de l’enthousiasme qu’elle suscite en France notamment. Le nombre d’usagers serait ainsi six fois moins élevé en Belgique qu’en France, avec 0,5 % d’usagers vapoteurs quotidiens soit 45 000 personnes. On observe également une utilisation plus fréquente chez les jeunes entre 15 et 24 ans. Quant au nombre important de fumeurs que compte le pays (26 % dont 21 % de fumeurs quotidiens), un expert en prévention du tabagisme pointe son manque d’initiatives et d’investissement dans la prévention.

>> Consulter le communiqué de presse de la Fondation contre le cancer 
>> Consulter l’enquête


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