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9 décembre 2015

POLITIQUE DES DROGUES

Politique des drogues aux Etats-Unis : l’ère de la compassion

L’assouplissement des mesures répressives à l’encontre des usagers de drogues aux Etats-Unis n’est pas étranger à l’épidémie de décès par opioïdes qui frappe le pays. Elle n’est pas non plus étrangère au fait que « même les blancs » la subissent, qui représentent aujourd’hui 90 % des primo-usagers d’héroïne.
Les observateurs de la politique américaine des drogues se félicitent de cette évolution favorable qui tend à substituer l’accès aux traitements à l’enfermement, même s’ils. Ils ne cachent pas cependant leur regret que ce sursaut de clémence soit trop tardif, rappelant le principe de tolérance zéro appliqué aux populations noires américaines, encore aujourd’hui. Le New York Times pénètre l’intimité des familles en deuil et s’attarde sur l’évolution de ces politiques publiques influencées par les mouvements d’opinion.

Source : "In heroin crisis, white families seek gentler war on drugs", New York Times
 

PREVENTION

Mélange soda sans sucre et alcool : des effets majorés ?

Les sodas « sans sucre » présenteraient un effet potentialisateur du nombre de particules d’alcool dans l’air expiré, sans effet de genre constaté. C’est ce que suggère une étude préliminaire en double aveugle contre placébo menée en laboratoire et réalisée auprès de 20 individus (F=10, H=10) visant à explorer les effets comparés des doses d’alcool absorbées selon la nature des « boissons hôtes », soda normal ou soda light.

Source : Stamates AL, Maloney SF, Marczinski CA., "Effects of artificial sweeteners on breath alcohol concentrations in male and female social drinkers.", Drug and alcohol dependance, Décembre 2015
1;157:197-9. doi: 10.1016/j.drugalcdep.2015.10.015.


 

EPIDEMIOLOGIE

Alcoolodépendance en Europe

Une étude transversale représentative, ayant inclus 8476 individus, met en évidence une forte prévalence de patients présentant une alcoolodépendance dans plusieurs pays européens (8,7 % IC [8,1-9,3] et un accès limité aux soins avec cependant des différences notables en termes de distribution par pays. Les individus en traitement sont une minorité (22,3 % IC [19,4-25,2]). Ils présentent plus de comorbidités physiques et mentales, souvent évolutives, et un statut socio-économique plus précaire que les individus non traités. Par ailleurs, une donnée significative permet d’expliquer en partie la sous-représentativité des situations d’alcoolodépendance dans les services de soins adaptés : 60 % des individus diagnostiqués alcoolodépendants inclus dans cette étude considéraient leur consommation d’alcool comme non problématique.

Source : Jürgen Rehm Allaman Allamani, Zsuzsanna Elekes, Andrzej Jakubczyk, Jakob Manthey, Charlotte Probst, Pierluigi Struzzo, Roberto Della Vedova, Antoni Gual, Marcin Wojnar, "Alcohol dependence and treatment utilization in Europe – a representative cross-sectional study in primary care", BMC

>> A propos des inégalités en termes de mortalité liée à l’alcool en Europe selon les pays, consulter également "Inequalities in alcohol-related mortality in 17 european countries: A retrospective analysis of mortality registers", Plos One, 1er décembre 2015

 

Cannabis aux Etats-Unis : évolution de la prévalence des usages et des troubles associés

Alors que la politique à l’égard du cannabis se fait plus permissive aux Etats-Unis, une étude comparative s’est intéressée à la prévalence comparée de ses usages et des troubles associés entre 2001-2002 et 2012-2013. Cette étude parue dans le JAMA psychiatry, met en évidence, en population générale, une prévalence de 4,1 % en 2001-2002 contre 9,5 % en 2012-2013 tandis que les troubles associés identifiés selon les critères du DSM IV étaient de 1,5 % en 2001-2002 contre 2,9 % en 2012-2013. A rebours de ces évolutions, les troubles associés parmi les usagers ont chuté significativement entre 2001-2002 (35.6%) et 2012-2013 (30.6%). Pour expliquer ce dernier résultat, les auteurs avancent un nombre peut-être plus important d’expérimentateurs occasionnels en 2012-2013 ou/et une accoutumance aux effets renforçateurs du Δ-9-THC bien que sa puissance ait continué à augmenter entre 2001-2002 et 2012-2013.

Source : Deborah S. Hasin, Tulshi D. Saha, Bradley T. Kerridge, Risë B. Goldstein, PhD, MPH4; S. Patricia Chou, Haitao Zhang, Jeesun Jung, Roger P. Pickering, W. June Ruan, Sharon M. Smith, Boji Huang, MD, Bridget F. Grant, "Prevalence of marijuana use disorders in the United States between 2001-2002 and 2012-2013", JAMA Psychiatry. 2015;72(12):1235-1242. doi:10.1001/jamapsychiatry.2015.1858
 

Forte concentration en THC et anatomie cérébrale

La consommation répétée de souches de cannabis très puissantes affecterait l’intégrité microstructurale du corps calleux. C’est ce que suggère une  nouvelle étude de morphologie cérébrale ayant porté sur des usagers de cannabis présentant des troubles psychotiques (n=56) et ne présentant pas de troubles psychotiques (n=43). De façon intéressante, le degré d’altérations du corps calleux constaté sous l’effet cumulé de consommations répétées de cannabis à forte concentration en THC était similaire chez les usagers atteints ou non de troubles psychotiques.

Source : S. Riguccia, T. R. Marques, M. Di Forti, H. Taylor, F. Dell'Acqua, V. Mondelli, S. Bonaccorso, A. Simmons, A. S. David, P. Girardi, C. M. Pariante, R. M. Murray, P. Dazzan, "Effect of high-potency cannabis on corpus callosum microstructure", Psychological Medicine
 

REDUCTION DES RISQUES

Il n’y a pas d’âge pour prévenir une overdose

Certains parents n’hésitent plus à préparer leurs jeunes enfants à l’éventualité d’une overdose d’héroïne chez un membre de leur famille, un grand-frère, une grande sœur, en les formant à l’administration de naloxone. Un acte symbolique qui divise - notamment quant aux conséquences psychologiques sur l’enfant s’il « échouait » - mais qui reflète le trouble suscité par « l’épidémie » de décès par overdoses d’opioïdes aux Etats-Unis. Le pays enregistrait 23 150 décès en 2013 dont 8 257 overdoses d’héroïne (contre 2 080 en 2003).

Source : Mary Wisniewski, "Activists promote opiate antidote as U.S. overdoses surge", Reuters, 23 novembre 2015
 

Intervention brève motivationnelle auprès des UDVI : des données prometteuses

Une équipe de chercheurs canadiens a mis en évidence l’impact positif, dans le temps, d’une intervention brève motivationnelle (IBM) sur les pratiques d’injection à haut-risque, dans le cadre d’une étude randomisée contrôlée. L’IBM y était comparée à une intervention de type éducationnel (« educational intervention ») (IE) basée exclusivement sur la délivrance d’informations sur les risques associés à l’injection et les moyens existants pour limiter ces risques. Les participants répartis en deux groupes bénéficiaient de l’un ou l’autre mode d’intervention (IBM : 112 – IE : 109). Or si l’IE et l’IBM étaient associées, dans les deux groupes, à une plus faible probabilité de comportements à risque liés à l’injection comme le partage des seringues et du petit matériel, à 6 mois, les effets de l’IBM apparaissaient comme plus durables, limitant davantage les comportements à risque au-delà de 6 mois.

Source : Karine Bertrand, Élise Roy, Éric Vaillancourt, Jill Vandermeerschen, Djamal Berbiche, Jean-François Boivin, "Randomized controlled trial of motivational interviewing for reducing injection risk behaviours among people who inject drugs", Addiction
 

NOUVELLES TECHNOLOGIES

Un nouveau test de détection de la kétamine

La kétamine est répandue en milieu festif. Elle est appréciée comme une substance qui augmente les émotions sensorielles. Elle est aussi connue comme « la drogue du viol », en ce qu’elle peut générer une perte de conscience relative et procurer des effets analgésiques, rendant ses usagers vulnérables.
Pour une meilleure identification des substances impliquées, en contexte d’intoxication, une équipe de chercheurs vient d’élaborer un test rapide, sensible et spécifique permettant de détecter, dans le sang ou les urines, la présence de kétamine et de norketamine, son premier métabolite. Coût-efficace, ce test sans équivalent puisque ne nécessitant pas d’étape de dérivation contrairement aux méthodes chromatographiques en phase gazeuse préexistantes, devrait pourvoir être largement investi par les laboratoires de toxicologie légale.

Source : Ivo Moreno, Mário Barroso, Ana Martinho, Angelines Cruz, Eugenia Gallardo, "Determination of ketamine and its major metabolite, norketamine, in urine and plasma samples using microextraction by packed sorbent and gas chromatography-tandem mass spectrometry", Journal of Chromatography B
 


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