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17 février 2015

VU D'AILLEURS

Etats-Unis : des conducteurs sobres mais perchés

On peut se réjouir des résultats d’une enquête menée par le Department of Transportation's National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA). Elle décrit une diminution très nette des conduites en état d’ébriété aux Etats-Unis, les nuits de la fin de semaine, avec un pourcentage historiquement bas de 1,5 % de conducteurs interpellés qui présentent des niveaux d’alcoolémie égaux ou supérieurs à la limite légale, soit une proportion 80 % moindre qu’en 1973. Cependant la même étude montre que le nombre de conducteurs interpellés sous l’emprise de drogues ou de médicaments susceptibles d’altérer la vigilance a quant à lui augmenté sensiblement, de 16,3 % en 2007 à 20 % en 2013/2014. L’augmentation la plus forte (+ 47 %) concerne l’usage de cannabis au volant, avec une proportion de 8,6 % de conducteurs en 2007 contre 12,6 % en 2013/2014.

Consulter la synthèse du rapport National roadside survey of alcohol and drug use by drivers sur le site du NHTSA

 

Après les jeux d’argent, de l’or vert pour les peuples amérindiens

Les Indiens Pomo, peuple amérindien du nord de la Californie, seraient favorables à la libéralisation du cannabis. C’est du moins ce que permet de suggérer la construction, dans la ville d’Ukiah, d’une serre high-tech de 2,5 acres (un hectare) qui devrait abriter sous peu des plants de cannabis à visée thérapeutique, en accord avec les autorités tribales. La légalisation du cannabis ne fait cependant pas l’unanimité au sein des communautés amérindiennes, la prévalence des mésusages de substances psychoactives chez les Amérindiens étant particulièrement critique, notamment pour l’alcool. Cette perspective lucrative crée donc autant de craintes que d’espoirs.

Source : Mary PAPENFUSS, "Casinos to cannabis: Native Americans move into pot business", Reuters, Sat Feb 7, 2015
 

PREVENTION DES RISQUES

Pure et dure

The Economist donne écho à la DrugScope street drug survey 2014 conduite en décembre 2014 par l’association DrugScope dans 17 villes britanniques. Le journal insiste sur le gain en pureté de quelques « drogues de rue », comme l’héroïne dont la pureté serait passée de 18 % à 33 % ou la cocaïne, de 18 à 51 %, sur cinq ans, ou encore l’ecstasy. Des consommateurs plus exigeants, ayant tout le loisir de commenter leurs transactions sur la toile et une concurrence accrue avec l’arrivée des euphorisants légaux (legal highs) sont évoqués comme susceptibles d’expliquer ce phénomène. Ce surcroît de pureté ne serait pas sans danger, d’après les associations et organisations interviewées par DrugScope, du fait d’un risque accru d’overdose chez les usagers accoutumés à des substances moins puissantes.

Source : "Drug users are becoming more picky", The Economist, 7 février 2015
>> Consulter la synthèse de ce rapport sur le site de Drugscope

 

EPIDEMIOLOGIE

Exposition au cannabis et santé respiratoire

Une étude transversale réalisée sur une large cohorte d’individus américains a voulu évaluer les effets sur la santé respiratoire  de la consommation de cannabis, selon la durée d’exposition et le nombre de joints consommés. L’étude a été construite sur les données de spirométrie, examen permettant de mesurer la capacité des poumons et les flux respiratoires, et sur des questionnaires remplis par les personnes de cette cohorte ; pour les usages de cannabis sur le long terme, on ne constate pas d’altération des fonctions pulmonaires lorsque la consommation est inférieure à 20 joints par an, tandis qu’une consommation supérieure à 20 joints par an multiplierait par 2 la fréquence d’un rapport VEMS/CVF < 70% (VEMS : volume expiratoire maximal seconde ; CVF : capacité vitale forcée). Ce résultat est lié à une augmentation de la CFV plutôt qu’à une réduction du VEMS par rapport à la CVF comme observé dans les maladies broncho-pulmonaires obstructives.

Source : Kempker JA, Honig EG, Martin GS., "Effects of marijuana exposure on expiratory airflow: a study of adults who participated in the U.S. National health and nutrition examination study.", Annals of the American Thoracic Society, 18 décembre 2014
 

PHARMACOLOGIE

Efficacité varénicline vs patchs de nicotine d’après l’indice de clairance de la nicotine

Un essai randomisé contrôlé en double-aveugle a été réalisé auprès d’un échantillon de 1 246 individus entre novembre 2010 et septembre 2014 pour évaluer un biomarqueur de l’élimination de la nicotine (nicotine clearance), le rapport 3′-hydroxycotinine/cotinine, selon le profil des individus, métaboliseurs lents (ML) ou normaux (MN) et le traitement reçu, varénicline ou  traitement substitutif nicotinique par patch. Selon les résultats obtenus, la varénicline serait en effet plus adaptée aux MN (60 % des fumeurs) et présenterait une efficacité équivalente aux patchs chez les ML. Les métaboliseurs lents - mais non pas les MN - rapportaient quant à eux plus d’effets indésirables avec la varénicline (vs. placebo).

Source : "Use of the nicotine metabolite ratio as a genetically informed biomarker of response to nicotine patch or varenicline for smoking cessation: a randomised, double-blind placebo-controlled trial", The Lancet, Volume 3, Issue 2, Pages 131-138
Auteurs : Caryn Lerman, Robert A Schnoll, Larry W Hawk, Paul Cinciripini, Tony P George, E Paul Wileyto, Gary E Swan, Neal l Benowitz, Daniel F Heitjan, Rachel F Tyndale

 

RECHERCHE FONDAMENTALE

Un récepteur du système immunitaire inné au contrôle des circuits de la récompense

Une nouvelle avancée dans le domaine de la neurobiologie des addictions est apportée par une étude menée sur des rats et parue dans Molecular Psychiatry qui précise les mécanismes sous-tendant le complexe récompense-renforcement induit par la cocaïne.  L’étude montre dans quelle mesure et comment un membre de la famille des récepteurs Toll (Toll-Like Receptor ou TLR), le TLR4, sorte de garde-fou immunitaire, détecte la substance exogène - la cocaïne - s’associe avec elle et active la libération de cytokines pro-inflammatoires nécessaires au circuit de la récompense. Plus encore, empêcher la cocaïne de se fixer à ce récepteur annule l’augmentation extracellulaire de dopamine dans le noyau accumbens et altère le processus de récompense. Selon les auteurs, cette découverte ouvre la voie à une nouvelle piste neuropharmacologique, autre que celle des transporteurs dopaminergiques.  

Source : "DAT isn't all that: cocaine reward and reinforcement require Toll-like receptor 4 signaling", Molecular Psychiatry, 2015 Feb 3. doi: 10.1038/mp.2014.177.
Auteurs : Northcutt AL, Hutchinson MR, Wang X, Baratta MV, Hiranita T, Cochran TA, Pomrenze MB, Galer EL, Kopajtic TA, Li CM, Amat J, Larson G, Cooper DC, Huang Y, O'Neill CE, Yin H, Zahniser NR, Katz JL, Rice KC, Maier SF, Bachtell RK, Watkins LR

 

CANNABIS ET SOCIETE

ZaZZZ dans la Cité d’Emeraude

Les petites sœurs de ZaZZZ, distributeur automatique de cannabis à usage médical apparu en avril 2014 dans le Colorado, s’installent cette fois à Seattle, bien décidées à créer des émules dans tous les Etats où l’usage thérapeutique du cannabis est aujourd’hui légal. Ces nouveaux distributeurs, disposés dans des centres de dispensation de cannabis médical, se distinguent en proposant, outre du cannabis, des produits dérivés comme des vaporisateurs, fleurs de cannabis, boissons énergisantes à base d’huile de chanvre… La transaction quant à elle requiert cependant l’intervention d’un tiers, agent du centre : le futur acquéreur doit montrer patte blanche.

Source : Eric M.Johnson, Keith Coffman, "Medical pot vending machine debuts in Seattle", Reuters, SEATTLE/DENVER Tue Feb 3, 2015

 

INSOLITE

"Psychedelic gospel"

Le New Yorker relate l’épopée du LSD et de la psilocybine, l’engouement des années 50 à 70 avec des projets comme le Good Friday Experiment, leur disgrâce avec le Controlled substance act en 1970 et l’actuel regain d’intérêt pour leur potentiel thérapeutique, avec la recherche qui reprend des forces avec des publications dans des revues prestigieuses comme le Lancet. Faute de financeurs qui acceptent d’investir dans une substance qui devra convaincre la Food and drug administration avant d’être exploitable, la recherche peine à se développer si l’on exclut la NYU Psilocybin Cancer Anxiety Study qui a largement contribué à une meilleure image de la psilocybine dans l’opinion publique. Ses défenseurs, loin de se décourager, se plaisent à imaginer des indications nombreuses : outre les douleurs liées au cancer, les formes résistantes de dépression, la tabacodépendance, l’alcoolodépendance pour n’en citer que quelques-unes, ils en appellent également à la prise en considération de la psilocybine comme adjuvant en contexte de soins palliatifs et la considèrent comme incontournable dans l’exploration de la neurobiologie des états mystiques.

Source : Michael Pollan, "The trip treatment. Research into psychedelics, shut down for decades, is now yielding exciting results.", The New Yorker - Annals of Medicine, 9 février 2015
 


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