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Petite histoire qui explique le lien entre Sri Aurobindo, la Lumière Supra-mentale, Jan et les énergies subtiles.

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Après cinq années de cours de pratiques régulières, la descente de la Lumière Supra-mentale se présentait graduellement comme une présence en continuité tout au long de l’année, plutôt que comme un évènement exceptionnel. Les cours développent auprès des participants une sensibilité aux mondes subtiles et une expérience de la réalité plus large et construisent en même temps la force intérieure requise pour adopter une telle sensibilité. Les quarante années d’expérience personnelle et les vingt années d’expérience d’accompagnement m’ont confirmé qu’un éveil graduel bien construit, accompagné et solidement soutenu nous amène plus loin que des éveils subits et spectaculaires. Aventurisme et quête pour le sensationnel peuvent provoquer des expériences hors du commun mais ne prouvent pas, à long terme, qu’on avance plus rapidement sur le chemin de la transformation. Parfois, on y trouvera plutôt des obstacles qui empêchent d’arriver humblement à des réalisations plus profondes et plus stables. Parfois la précipitation présente des dangers pour la santé physique et mentale. Le chemin graduel en fait n’est autre qu’un enchaînement d’une série d’éveils et de prises de consciences, certains pertinents, d’autres plus délicats, l’un succédant à l’autre.

Le plaisir

«Mais les vibrations de la Joie divine et celles du plaisir ne peuvent cohabiter dans le même système vital et physique. Il faut donc avoir TOTALEMENT renoncé à éprouver tout plaisir pour être en état de recevoir l’Ananda. Mais bien peu nombreux sont ceux qui peuvent renoncer au plaisir sans, par cela même, renoncer à toute participation à la vie active et sans se plonger dans un ascétisme rigoureux. Et parmi ceux qui savent que c’est dans la vie active que doit avoir lieu la transformation, certains essayent de prendre le plaisir pour une forme, plus ou moins dévoyée, de l’Ananda, et légitiment ainsi en eux la recherche de la satisfaction personnelle, créant en eux-mêmes un obstacle presque infranchissable à leur propre transformation.»

Agenda de Mère – 25 août 1954

Ici Sri Aurobindo déclare qu’il y a une séparation entre le plaisir et la béatitude suprême. Pour ma part, je considère le plaisir et l’Ânandâ comme deux expressions différentes de la même Force Vitale qui émane de la Source Divine. Il me semble que l’obstacle à la transformation n’est pas la recherche d’une satisfaction personnelle en elle-même, mais deux conditions dans lesquelles on fait cette recherche : la première étant la recherche démesurée d’un plaisir personnel et la deuxième étant le vécu inconscient ou peu conscient des plaisirs personnels. L’indulgence ou la résistance aux plaisirs d’un côté et l’inconscience, de l’autre côté, sont plutôt comme des obstacles, beaucoup plus que les plaisirs eux-mêmes. Je propose une voie du juste milieu et en pleine conscience comme antidotes aux deux obstacles. Comme Aurobindo et la Mère je suis d’avis que la solution ne se trouve pas dans un ascétisme rigoureux, ni dans le renoncement à une vie active. La recherche d’une satisfaction personnelle, dans la juste proportion, constitue une approche incontournable pour garder le corps, le mental et le vital dans un état de bonne santé et d’équilibre. Ce corps / ce vital sain et en équilibre nous sert à maintenir une vie active en faisant son sadhana. Les satisfactions personnelles, bien encadrées par le Soi Supérieur ne font pas seulement partie de notre vie supra-mentale, mais offrent aussi aux adeptes plus avancés, une porte d’accès pour unifier l’Ânandâ avec les plaisirs. Une approche uniquement accessible aux personnes qui ont cultivé une sensibilité bien raffinée en combinaison avec une profonde stabilité pleinement consciente. L’approche proposée dans le Vijnana Bharava Tantra conviendrait bien à ces personnes.

67. Lorsque tes sens frémissent et que ta pensée atteint l’immobilité, entre dans l’énergie du souffle, et, au moment où tu sens un fourmillement, connais la joie suprême.
72. Lors de l’euphorie et de l’expansion causée par les mets et les boissons délicats, sois tout entier dans cette délectation et, à travers elle, goûte au suprême félicité.
73. Fonds-toi dans la joie éprouvé lord de la jouissance musicale ou dans celle qui ravit les autres sens. Si tu n’es plus que cette joie, tu accèdes au Divin.
74. Là où tu trouves satisfaction, l’essence de la félicité suprême te sera révélée si tu demeures en ce lieu sans fluctuation mentale.

Tantra Yoga, le Vijnanabhaïrava tantra, Albin Michel, 1998, traduction Daniel Odier.

Je pense que ces tantras désignent bien que les plaisirs ne sont pas l’Ânandâ, la suprême félicité, mais peuvent nous servir comme tremplin pour y accéder. Et le tantra confirme également que cette absorption mentale (« sois tout entier dans cette délectation », « ce lieu dans fluctuation mentale ») est indispensable. Je me souviens de plusieurs moments où je me suis transportés dans ces états à l’âge de 8 à 10 ans. L’objet de l’euphorie et de mon expansion n’était pas « les mets et les boissons délicats », mais simplement la glace vanille avec sauce au chocolat mélangée et rendu liquide avec ma cuillère.

Et quoi avec la sexualité ?

«Le plaisir attaché à l'acte sexuel est une dégradation et non la vraie forme du divin Ânanda (la béatitude, le ravissement, l'extase spirituelle). Le vrai Ânanda divin dans le physique a une qualité, une substance et un mouvement différents; il existe par lui-même en son essence, et sa manifestation dépend seulement de l'union intérieure avec le Divin.

Qu'est-ce que notre yoga a à voir avec le sexe et les contacts sexuels? Je vous ai dit et répété qu'il fallait se débarrasser du sexe et surmonter l'impulsion sexuelle avant que la Siddhi (=accomplissement des buts du yoga) de notre yoga soit possible.»

Lettres sur le yoga - volume 3. section 4. La transformation du physique

Bien que Sri Aurobindo fasse clairement la distinction entre l’impulsion sexuelle et le centre de l’énergie sexuelle, il considère que l’impulsion en elle-même et le plaisir attaché aux contacts sexuels sont contraires aux Forces Divines. Personnellement, je suis bien d’accord sur le fait que s’il y a dans la psyché une scission entre le centre sexuel et l’Etre Divin, le plaisir qui résulte de l’acte sexuel n’est pas seulement une dégradation du ravissement et de l'extase spirituelle qu’il pourrait produire, il est également source de dégénération de la santé physique, source de chute spirituelle et cause de dégâts relationnels. Dans ce cas le courant sexuel, que je considère comme étant pur sortant de son Origine Divine, est attaché au soi inférieur. Il est dévié de son destin original vers une dégradation caricaturale de sa nature. La transformation des impulsions sexuelles ne consiste pas à se débarrasser de cette impulsion, mais à l’emplir de Lumière Supra-mentale pour qu’on puisse se libérer des attachements négatifs liés à cette impulsion.

Ici il y a un travail psychocorporel à faire en combinaison avec une transformation psycho-énergétique et une transformation intégrale.

  1. Le travail psychocorporel va aider à libérer les courants qui sont bloqués et refoulés et à dénouer les attachements négatifs les plus grossiers et moyennement grossiers.
  2. fig4-2Avec le travail psycho-énergétique on touche des niveaux encore plus subtils, des domaines inaccessibles pour les thérapies cognitives, l’hypnose incluse. Les niveaux les plus subtils ne peuvent être atteints par le travail psycho-énergétique. Là, je suis d’accord avec Aurobindo, que nous dépendons entièrement de l’intervention des Forces Divines (la Mère selon Aurobindo) pour transformer ou transmuter les attachements les plus subtiles au soi inférieur (l’Inconscience selon Aurobindo). Et ses Forces Divines (ré)agissent selon les demandes les plus sincères de nos libres choix intérieurs. Notre responsabilité dans la transformation ultime est de souhaiter de l’atteindre, au plus profond de notre cœur, sans réserve et sans conditions, et puis se (aban)donner totalement au Divin. Seul le Divin est capable d’extirper les attachements les plus subtils à l’imperfection qui dévie la force sexuelle de sa manifestation pure et puissante. Elle est alors en parfaite cohérence avec l’Amour Divin et contribuera à la création du suprême destin de l’âme humain dans l’image de Dieu.

La force sexuelle est une expression de la conscience qui cherche à atteindre la fusion. … Comment la sexualité manifeste varie en fonction du développement de l'être humain … dans l’individu qui a totalement actualisé son Etre Authentique [psychicisation], la personne moyenne, et en bas de l'échelle dans ceux qui sont peut-être encore à un niveau de développement spirituel très faible et donc encore sérieusement bloqué et divisé. … Dans le domaine humain, la puissance de la sexualité peut dans sa forme la plus idéale être le plus grand «représentant» de l'existence spirituelle. … L'union, la fusion, l'expérience de béatitude, et le sentiment d'intemporalité dans l'union sexuelle, tout dépend de l'unification des individus [psychicisation] en question et de leurs attitudes à tous les niveaux. Si l'expérience sexuelle est une expression de tous les niveaux des parties concernées - le physique, l'émotionnel, le mental et le spirituel; si ces niveaux sont en accord l'un avec l'autre et en aucun cas en conflit; si les gens, sur tous ces niveaux, expriment leur Etre Authentique [Qui est par sa nature] en bon accord avec la loi spirituelle qui est l'amour, la vérité et l'expression positive envers la vie, l'expérience sexuelle est aussi complète, aussi satisfaisante, aussi riche, aussi joyeuse, aussi nourrissante, aussi soutenant et aussi représentante de la réalité spirituelle comme toute expérience humaine peut être.

Conférence du Guide Pathwork n° 207 – 12 janvier 1973, Eva Pierrakos

Dans mes formations ou durant les pratiques régulières des énergies subtiles, je préfère permettre aux gens de ressentir et d’évaluer pour eux-mêmes jusqu’à quel point ils souhaitent intégrer leur force sexuelle dans leur chemin de transformation et leur vie quotidienne. La pratique de la Présence Intégrale soutient cette intégration par exemple dans la partie où nous ouvrons les chakras inférieurs. Et voici aussi une des raisons pour laquelle j’insiste tant sur l’unification de tous les chakras en un système énergétique entier, qui représentera la cohérence intérieure de la personne, en elle-même et avec l’Etre. En deuxième année de la formation, on enseigne, entre autres, un soin énergétique qui favorise l’intégration harmonieuse et spirituelle des forces de la sexualité, amour et éros.

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